Un groupe de chercheurs s'est intéressé au processus créatif chez le peintre avant de le confronter aux méthodes des entrepreneurs sociaux. Ils sont parvenus à trouver différents points communs dans la manière dont la créativité s'exprime chez eux.
Pour être entrepreneur, il faut une certaine dose de créativité. Ne serait-ce que pour faire émerger une idée puis la concrétiser. Selon une équipe d'ethnologues suisses, que L'Atelier a rencontrée à l'occasion du Lift, cette créativité et les chemins qu'elle prend seraient très semblables à celle que l'on retrouve chez les artistes. C'est ce que montrent les résultats de leur étude. Pour cela, ils ont suivi 5 peintres et 8 entrepreneurs sociaux pendant plusieurs jours. Les chercheurs ont ainsi mis à jour plusieurs motifs identiques dans le processus créatif des peintres et de entrepreneurs qui sont autant d'étapes nécessaires pour parvenir à leur objectif respectifs, qu'il s'agisse d'un contrat ou d'une œuvre d'art. Les différents points du processus sont les suivants : la caisse de résonance, l'endurance, l'espace de travail et le déclencheur.
La créativité, une aptitude qui se travaille
Premier point, ce que les chercheurs nomment caisse de résonance. Il s'agit de l'environnement que se construit le peintre ou l'entrepreneur qui lui permet d'être réceptif aux idées et de les réutiliser. L'endurance traduit, comme son nom l'indique, la capacité d'une personne à travailler sur une longue période et les moyens qu'elle met en place pour y parvenir – l'utilisation d'un livre de notes, par exemple. L'espace de travail correspond aux rituels opérés par ces personnes afin de leur permettre de travailler. Des trauma comme le stress et la peur ont un impact négatif sur la créativité, tant chez les peintres que les entrepreneurs, et la mise au points de cérémonials précis – s'isoler en pleine montagne ou écouter de la musique. Enfin, le moment déclencheur, conditionné par les trois derniers points. « Les gens ratent des opportunités incroyables dans les transports en commun », explique l'un des entrepreneurs suivis au cours de cette étude. Sa facilité de parler lui a permis de signer des contrats rien que par la discussion dans les transports en commun.
Une méthode simple
La méthode d'analyse utilisée, le fait de se placer en tant qu'observateur, leur a permis de « creuser le processus créatif à partir de faits concrets », explique V. Bauwens, l'une des ethnologues. « Cela nous a permis de les confronter à des faits réels. » Les chercheurs ont par ailleurs remarqué que la plupart des entrepreneurs suivis s'avèrent venir d'une famille d'entrepreneurs, où la stratégie et le marketing sont souvent des sujets de discussion, ce qui reviendrait à affirmer que la créativité d'un individu pourrait se forger par l'environnement social dans lequel il a évolué. Plusieurs autres études ont par ailleurs déjà été menées sur la créativité chez les entrepreneurs, à l'instar de celle du Dr Fillis et du professeur Rentschler des universités de Stirling et de Deakin, ou encore celle du professeur Galenson de l'université de Chicago.