Jamais content ! C’est en substance ce qu’on pourrait dire après les grèves à répétition dans l’éducation nationale… Tout avait pourtant si bien commencé. Le candidat François Hollande faisait de l’éducation un axe fort de son programme avec la « Refondation de l’école » promettant de mettre fin aux suppressions de postes, de recruter 60 000 enseignants en cinq ans, de rétablir la formation des enseignants supprimée par la « masterisation » et de remettre la pédagogie au centre de la politique éducative. Dès le mois de juin, le ministre Vincent Peillon écrivait à tout le personnel de l’éducation nationale pour annoncer les priorités pour la rentrée 2012 et notamment la création de 1 000 postes de professeurs des écoles. Des emplois de conseillers principaux et d’éducation et d’assistants d’éducation seront créés ainsi que des postes consacrés à la prévention et la sécurité. Une prime annuelle de 400 euros pourrait également être versée aux professeurs.
Pas suffisant pour les préparer à la principale réforme : la modification des rythmes scolaires ?
Mise en place par Sarkozy en début de mandat, la semaine de 4 jours succombe aux intérêts des familles mais pas de l’élève. La droite traînera ce boulet incapable de revenir en arrière. Depuis 2008, enseignants, parents, élus, chronobiologistes et l’Académie des sciences reconnaissent que la semaine de 4 jours a eu des conséquences désastreuses sur le bien-être des enfants, entraînant fatigue et difficultés d’apprentissage.
Promesse de campagne de François Hollande, le retour à la semaine de 4,5 j est discutée depuis des mois par Vincent Peillon. Les municipalités s’y préparent comme l’a confirmé Alain Rodet lors du dernier conseil municipal qui souhaite l’instaurer dès la rentrée 2013. Mais dans le rural ça pourrait être repoussé à la rentrée 2014. La présidente du Conseil général a écrit à tous les maires pour qu’ils adoptent la semaine de 4,5 j en même temps. Le surcoût pour le transport scolaire est de 1,3 M€.
Le SNUipp, favorable à la semaine de 4,5 j demande un report de la réforme à la rentrée 2014 pour prendre le temps de mieux la préparer, notamment sur les activités périscolaires confiées aux collectivités locales qui pourraient créer des inégalités ! Les syndicats minoritaires CGT, FO, SUD et le CNT prônent eux l’abrogation du décret sur les rythmes, l’abandon du projet de loi sur l’école et l’amélioration des conditions de travail et de rémunération. Tous prônent la « concertation », celle-là même que Vincent Peillon a débuté l’été dernier et qu’il poursuit dans toute la France après une visite à Limoges la semaine dernière.
L’Education nationale n’est pas un monde figé, mais sa capacité à se transformer est en question : l’école peut-elle relever d’une politique publique décidée par une majorité démocratiquement élue ? Depuis la fin des années 80, on est dans des blocages et il semble que la réponse est non. Alors que toutes les professions, les fonctionnaires, les salariés du privé, sont touchés par des restrictions, l’Education est le seul ministère où il y a des créations de postes – 60 000, ce qui n’est pas rien. Il sera difficile de justifier demain que l’on a pris les postes mais que l’on a refusé de faire des efforts. Les syndicats courent aujourd’hui un risque majeur d’impopularité.
(Photo France 3 Limousin)
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