Le président du Chili Sebastián Piñera et le pape Benoit XVI, lors d’une audience privée au Vatican en mars 2011
(photo gobierno de Chili / Alex Ibañez)
Au Chili, comme dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, la religion catholique prédomine. Autant dire que le Pape y est en haute estime. Même si des scandales liés au monde ecclésiastique ont quelque peu terni l’image des hommes de Dieu au-delà de la Cordillère, et même si les catholiques n’ont pas eu le dernier mot pour ce qui est du divorce, les églises restent bondées et les files d’attente demeurent longues devant le confessionnal.
En France, l’annonce de la démission de Benoit XVI (à compter du 28 février) « en raison de son âge avancé » n’a pas suscité de réactions particulières à la tête de l’Etat. Le président François Hollande s’est contenté de saluer « la décision courageuse », avant d’ajouter que « la République n’a pas à faire davantage de commentaire sur ce qui appartient d’abord à l’Eglise. » Pas faux : c’est le principe même de la séparation de l’Etat et de l’Eglise depuis 1905.
Au Chili, la nouvelle a fait sortir le président Sebastián Piñera de ses vacances.
- « C’est un acte de courage. Le souverain pontife est le vicaire du Christ sur terre et il a la responsabilité de diriger l’Eglise. Pour ça, sans doute, il doit être en pleine possession de ses moyens et de ses facultés. Par cette décision, Benoit XVI montre qu’il a mis le bien-être de l’Eglise et de la foi chrétienne au-dessus de son propre intérêt et de ses aspirations », souligne le président du Chili qui avait été reçu par le Saint-Père, en audience privée, le 3 mars 2011.
La réaction s’avère beaucoup moins laconique. Difficile de rester silencieux quand son pays est majoritairement (environ 63% selon une récente enquête) composé de catholiques.
La question qui se pose reste tout de même la représentativité de cette région du monde dans l’organigramme de l’Eglise. La renonciation de Benoit XVI entraîne, de fait, une nouvelle élection. Si le président François Hollande a déclaré, ironique, « que la France n’aurait pas de candidat », les pays d’Amérique du Sud, comme le continent africain, attendent leur heure. Le prochain conclave désignera-t-il un pape venu d’Amérique du Sud – comme le souhaite l’ex-première Dame française Bernadette Chirac ? Au Chili, les cardinaux Jorge Arturo Medina Estévez ou Francisco Javier Erràzuriz Ossa semblent déjà bien trop âgés pour assurer la fonction. Nul doute que les Chiliens suivront tout de même avec ferveur l’élection à la chapelle Sixtine.