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Démission du Pape: où en sont l'Eglise et le Vatican ?

Par Alaindependant
mardi 12 février 2013

Je viens d’apprendre cette nouvelle qui est déjà amplement commentée dans les médias. Après avoir écouté quelques commentaires à la télévision, j’ai tout fermé et je me suis posé la question de savoir ce que j’en pensais moi-même.

Il ne fait pas de doute que ce fut, de sa part, une très sage décision. Changera-t-elle quelque chose dans la gouvernance de l’Église ? Là est toute la question.

Au nombre d’une grande majorité de cardinaux, peu importe leur âge ou leur provenance, nous retrouvons le même formatage d’une pensée de l’Église et du rôle du Vatican que celle de Benoît XVI. Je ne pense pas que le cardinal Marc Ouellet, pour être plus jeune, apporterait de grands changements d’ouverture du Vatican.

Son arrivée à Québec comme évêque, puis comme cardinal, a apporté du changement, mais pas par en avant. Il s’est concentré à raffermir les formes traditionnelles de la pratique des sacrements et à réaffirmer des positions qui ne reflètent aucune ouverture, comme ceux sur l’avortement et le mariage des personnes de même sexe.

Sur le plan des politiques internationales du Canada, il s’est fait bien discret sur la participation de ce dernier à la guerre en Afghanistan et il n’a pas eu de scrupules pour signaler religieusement le départ des soldats pour cette guerre. Bien qu’ayant vécu en Colombie comme professeur, il est demeuré un fidèle représentant du règne des oligarchies, comme c’est d’ailleurs le cas de certains confrères cardinaux de la région, dont ceux du Honduras, de la Bolivie, du Venezuela et de l’Équateur.

Justement, sur ce point, il n’est pas suffisant de dire qu’il faut un pape en provenance du Tiers-Monde, pour dire que ça représente un grand changement. Il faut que le « formatage » soit complètement différent. Il y a le jour et la nuit entre ces cardinaux, y inclus le cardinal Ouellet, et cet évêque du Brésil auquel j’ai déjà fait référence dans un article antérieur.

Un vieil évêque catalan (84 ans), Pere Casaldàliga, passa sa vie au Brésil avec les pauvres, partageant leur mode de vie, leur quotidien et leurs luttes pour la justice et le bien-vivre. Considéré comme l’évêque de la théologie de libération, il fut appelé à Rome à quelques reprises pour y être scruté par les responsables de la doctrine de la foi, dont Joseph Ratzinger, alors préfet de cette doctrine. Il raconte qu’à un moment donné il invita ces savants personnages qui le questionnaient à réciter avec lui un Notre Père pour la conversion de l’Église. Selon ses propos, Ratzinger lui aurait répondu par un sourire ajoutant sous forme interrogative « pour la conversion de l’Église ? »

Disons que l’Église vivante, celle qui vit de l’Esprit Saint, en est rendue là.

Le Vatican ne peut plus se contenter de changements cosmétiques. Ce dernier doit se transformer de manière telle qu’il puisse retrouver sa place au sein de l’Église. Ce n’est pas l’Église qui doit entrer au Vatican, mais c’est le Vatican qui doit retrouver cette Église, portée par l’ESPRIT SAINT y distribuant ses dons et ses charismes, comme bon il l’entend, à travers les hommes et les femmes de bonne volonté.

Le Vatican doit plier bagage. Il doit se délester de tous ses biens, en faire don aux pauvres. Ses fonctionnaires, cardinaux, évêques et prêtres, doivent changer leurs vêtements de tissus fins et leurs souliers de satin pour reprendre les sandales du maître et la voie qu’il a suivie auprès des humbles, des oubliés, des exploités, des persécutés, des malades. Le témoignage de cette foi redonnera à ces pasteurs de la bonne nouvelle la crédibilité qui fera renaître l’espérance du royaume dans les cœurs de toutes les personnes de bonne volonté.

Le Vatican, comme État, doit définitivement disparaître. Ce statut en fait un allié inconditionnel des puissances dominant le monde. Sa doctrine doit se renouveler dans les Évangiles et dans les signes des temps, également porteurs d’une parole de vie.

Je pense qu’avec la démission de Benoît XVI c’est tout ce qu’il représentait de l’Église comme doctrine qui doit être placé dans les archives de l’histoire. Autrement, ce sera du pareil au même.

Je me permets une prédiction :

La lutte politique de certains cardinaux pour le pouvoir va être féroce. Elle conduira à quelque chose qui se rapprochera beaucoup à un schisme. D’ici la mi-mars, l’Esprit saint n’aura pas beaucoup d’écoute de la part des candidats. Washington sera discrètement présent dans les corridors et dans les salons privés. Pour la Maison-Blanche, l’élection d’un pape est aussi cruciale qu’une élection au Venezuela, en Bolivie et en Équateur. Il ne saurait être question de laisser un autre candidat que le leur pour être Pape. Le cardinal Ouellet fait certainement partie de leurs candidats.

L’Esprit saint aura beaucoup à faire pour imposer son candidat. S’il y parvient, ce sera alors un pape humble, ouvert au monde et déterminé à faire un grand ménage dans la gestion de l’Église. Il convoquera un Concile ouvert aux chrétiens laïcs et à des représentants de divers milieux.

Les colonnes du temple de pierre s’écrouleront pour laisser voir et agir celui qui apporte vie et espérance aux humbles de la terre et à toute personne de bonne volonté.

Oscar Fortin, commentaire sur le site de Golias
Québec, le 11 février 2013


Avec la démission de Benoît XVI, les commentaires fusent de partout. Les médias font appel à leurs spécialistes des questions religieuses pendant que les journalistes vont surprendre monsieur et madame tout le monde pour leur demander ce qu’ils en pensent.Sans m’être cloué à mon téléviseur ou à ma radio, je puis dire, sans me tromper, que la grande majorité des intervenants ont parlé du Vatican, comme si ce dernier était l'Église, et du Pape, comme s’il en était la « tête ». Or le Vatican est un État avec plein de fonctionnaires, prêtres, évêques, cardinaux, qui y assument des fonctions bien centralisées autour de celui qui en est le chef.  Il est également le centre qui a main mise sur la doctrine et la foi comme si ces dernières relevaient de leur pouvoir exclusif. À s’y arrêter de plus près, c’est comme si en lui s’incarnaient l’Esprit Saint et le Christ ressuscité et qu’en dehors de lui ce n’était que des brebis égarées en attente de la bonne nouvelle et des consignes du bon pasteur.Nous sommes bien loin de l’Église dont nous parle l’apôtre Paul dans ses lettres aux Romains, aux Éphésiens et aux Corinthiens. Que nous dit-il ?« Car, de même que notre corps en son unité possède plus d'un membre et que ces membres n'ont pas tous la même fonction, ainsi nous, à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres. Mais, pourvus de dons différents selon la grâce qui nous a été donnée, si c'est le don de prophétie, exerçons-le en proportion de notre foi ; si c'est le service, en servant ; l'enseignement, en enseignant ; »   Rm 12,4-6« Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur ; diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; (…)  Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » Cor. 1 : 12,4-11« Cependant chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons. C'est lui encore qui » a donné » aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l'œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ (…) Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons, de toute manière, vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité. » Éphés. 4, 11-16Ces citations s’imposent du fait qu’elles mettent en évidence, entre autres, trois réalités fondamentales dans la vie de l’Église : l’Esprit saint qui agit comme il lentend, le Christ qui est toujours la tête de l’Église et que les dons sont distribués par ces derniers de manière à mettre à contribution toutes les articulations du corps sans qu’aucune n’en ait le contrôle exclusif.À la lumière de ces extraits, on  ne peut que constater que le Vatican a pris le plein contrôle du corps qu’est l’Église en s’appropriant lui-même, par la voie de la doctrine et des sacrements,  le pouvoir de l’Esprit saint de distribuer ses dons comme bon il l’entend. Si nous prenions un langage politique bien connu dans les pays du Tiers-monde, nous parlerions d’un coup d’État. L’évangéliste Luc raconte que lorsque Jésus, le Nazaréen, amorça sa mission en Galilée, il se rendit au temple où on lui demanda de lire un passage du livre sacré. Ce fut un texte d’Isaïe :« L'esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m'a donné l'onction; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de Yahvé et un jour de vengeance pour notre Dieu, pour consoler tous les affligés. » Isaïe 61,1-4Il ne fait aucun doute que l’Église, celle dont parle l’apôtre Paul, est toujours bien vivante à travers le monde. Elle n’attend pas que le Vatican s’ajuste à elle pour agir, pas plus que Jésus n’a attendu le Sanhédrin pour annoncer la bonne nouvelle du royaume. Aucune puissance terrestre, pas même le Vatican, le Pape, les cardinaux et les évêques ne peuvent se substituer à ce pouvoir de l’Esprit saint qui agit comme il l’entend. Il n’a pas à demander la permission à qui que ce soit pour distribuer ses dons, n’en déplaise aux autorités vaticanes et religieuses.Au nombre des quelques commentaires que j’ai écoutés, il y en avait qui insistaient beaucoup pour dire que la fonction du Pape en était une de rassembleur et qu’il se devait de trouver un dénominateur commun pour assurer l’unité de l’Église. Il ne pouvait pas se permettre d’être trop à gauche ou trop à droite pour éviter de profondes divisions. Il lui fallait, à les entendre, qu’il fasse un peu plaisir à tout le monde.Pareil commentaire m’apparaît tout à fait hors contexte d’une Église vivante dont la mission n’est pas de garder uni ce qui ne peut l’être, mais d’affirmer haut et fort la radicalité du message évangélique qui appelle à une conversion à la vérité, à la justice, à la bonté, à la compassion, à la solidarité. Mgr Oscar Romero l’a fait au Salvador et on l’a tué. Il savait qu’il mettait sa vie en danger en prêchant le message évangélique et il l’a fait. D’autres, en Amérique latine et en Afrique, pour ne citer que ces deux continents, ont livré ce même combat sans être rattachés à quelque bannière religieuse. Déjà, pour eux l’Esprit leur avait fait découvrir que ces grands objectifs étaient des biens sacrés indispensables à une humanité qui se respecte. Ils ont été faits prisonniers, ont été torturés et tués. Des martyrs inconnus qui ne connaîtront jamais ici-bas les honneurs des autels, mais qui recevront, en son temps, ceux de l’Esprit-Saint et du Nazaréen.Je ne sais pas ce qui va se passer avec le Vatican et ceux qui ont usurpé les pouvoirs de l’Esprit Saint et du Christ. Chose certaine, c’est que l’Esprit Saint et le Christ ne sont pas prisonniers du Vatican et qu’ils poursuivent, à travers des millions de personnes, leur œuvre de libération d’une humanité soumise à la cupidité et aux ambitions d’oligarchies sans scrupules. Ils suscitent des hommes et des femmes de bonne volonté pour mener ce combat et rassembler dans un même esprit ceux et celles qui aspirent à un monde tout autre de celui que nous servent les forces d’un monde de consommation, d’exploitation et de mensonge.À moins que Pierre ne revienne à la base de sa véritable mission au service de cette bonne nouvelle d’une Humanité libérée des prédateurs et placée sous la gouverne du Nazaréen et de l'Esprit-Saint, le Vatican demeurera une référence culturelle et un sujet de choix pour les historiens. Il sera également courtisé par les pouvoirs politiques qui y rechercheront la caution morale de leurs conquêtes.Pendant ce temps, l'Église vivante poursuivra son oeuvre et les dons de l'Esprit continueront à être distribués comme bon il l'entend. Oscar FortinQuébec, le 12 février 2013

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