Les raisons du développement économique du pays reposent essentiellement sur la richesse de ses matières premières. La Mongolie possède en effet, en plein désert de Gobi, parmi les plus vastes gisements miniers au monde (charbon, cuivre et or principalement) qui lui ouvrent les marchés mondiaux en subvenant notamment aux importants besoins de la Chine – premier consommateur mondial de charbon – et des marchés asiatiques. Ces ressources ont naturellement attiré les investisseurs étrangers souhaitant prendre part à ce « boom minier » attendu pour 2013.
Mais, à l’instar du Pérou et de sa taxe sur le bénéfice d’exploitation, de l’Indonésie et de ses taxes sur les exportations de minerais ou encore de la nouvelle loi sur l’impôt minier en Australie, le parlement mongol a adopté en mai 2012 une loi visant à limiter l’investissement étranger à 49 % dans les parts d’une entreprise d’un des trois secteurs définis comme stratégiques (2) : les mines, les banques et les télécommunications. Cette loi, qui fait suite à la tentative de rachat de SouthGobi Resources par le géant étatique chinois Chalco, répond à la volonté affichée par le gouvernement mongol, en pleine période d’élections législatives (qui se sont déroulées en juin 2012) de rester un acteur souverain sur son propre territoire. Son application a cependant entraîné une baisse de confiance sur les marchés et sensiblement refréné les investissements étrangers, ceux-ci ayant en effet baissé de 44% en septembre dernier par rapport à la même période l'année précédente (3).
Par ailleurs, la Mongolie avait auparavant développé un nouveau concept dans la doctrine de sa politique étrangère : la stratégie du « troisième voisin » (4). Stratégie qui consiste à développer des relations économiques, commerciales, politiques et militaires bilatérales avec les pays développés soutenant la Mongolie comme les États-Unis, le Japon, le Canada, l'UE, etc. afin de sortir de l’enclavement imposé par ses deux géants voisins russe et chinois, tout en maintenant une politique d’équilibre avec ceux-ci, puisque cela constitue le fondement de la politique extérieure mongole.
Malgré de belles perspectives de croissance, la Mongolie reste un pays relativement pauvre et à l'économie modeste, dépendant des aides internationales et qui à l'avenir devra affronter le défi d'une inflation interne très forte due à la croissance. Elle devra aussi faire face à la pauvreté, du fait de disparités économiques très importantes, à la corruption, et aux problèmes environnementaux. Sa relation de dépendance avec la Chine s’avère également problématique puisque ce pays s’accapare plus de 90% des exportations mongoles. Enfin, la pérennité économique du pays passera par le développement d'autres secteurs d’activités, tant il est vrai que la « rente minière » demeure très dépendante de la conjoncture mondiale et des cours du marché des matières premières. Ces mêmes cours, actuellement à la baisse (notamment pour le charbon), qui, combinés aux politiques gouvernementales assez restrictives pour l’investissement étranger font que ce « boom minier » mongol prévu pour cette année devrait être moins important qu’annoncé un an auparavant.
Alexandre Harira
1. Données Banque mondiale2. Businessweek.com: “China’s Chalco Abandons SouthGobi Bid on Regulatory Hurdles”, 03/09/2012 par Michelle Yun et Thomas Biesheuvel
3. NYTimes.com : “Boom in Mongolia deflates after deal that started it is threatened”, 10/12/2012 par William MacNamara
4. La Lettre Diplomatique, Interview de Radnaabazar Altangerel (Ambassadeur de Mongolie en France), N°81, 1er trimestre 2008