La grippe, ça n’est jamais bon, sauf sur un point, quand on commence à moins dormir 24h/24 mais qu’on n’est pas encore capable de se lever, ça laisse enfin du temps pour se plonger pleinement dans un bon bouquin. Et la fièvre aidant, la bulle se créé plus vite que d’ordinaire, nous laissant seule dans cette ouate agréable. Lier des liens avec les personnages est encore plus fort, le temps s’arrête et l’histoire imprègne chaque partie de nous. Enfin, moi ça m’a fait ça la semaine passée avec L’atelier des miracles de Valérie Tong Cuong. Quelques romans à son actif, Providence notamment, récompensé par le Prix version Femina 2008. Une romancière éclectique qui touche aussi à la musique et à l’écriture de scénario.
Mariette prof d’histoire-géo au bout du rouleau, Millie jeune femme transparente au passé sombre et Monsieur Mike un ancien militaire vivant sous un porche d’immeuble, tout trois bien abîmés par la vie vont devoir toucher le fond pour pouvoir rebondir. Avec l’aide de Jean et de son atelier, ancienne horlogerie qui depuis répare « la mécanique humaine »…
J’ai besoin d’optimisme en ce moment, ça tombe bien et je me lance avec plaisir à la découverte de ces trois « gueules cassées », a peu près sûre du développement et du dénouement. Et paf ! Je me fais cueillir comme une bleue. Le cheminement est balisée, le message est beau et d’un coup, la plume de l’auteur prend d’autres sentiers et fait tomber les masques de chacun, avec ce que l’humain a de moche, de noir, mais aussi de désespéré et de touchant. Ce roman n’est donc plus une évidence rempli de sentiments bisounours. Comme dans la vie, il suit des chemins tortueux avec autant de fleurs que de ronces et une réalité bien plus proche de ce que nous vivons au quotidien. Et me voilà deux fois plus captivée, accrochée aux basques de chacun. Ce n’est plus seulement se relever après la bataille, mais le faire en acceptant de se planter, de se faire mal et de toucher l’entourage. Un roman du quotidien qui offre plein de petites graines à planter dans sa propre vie.
Quant au style, j’aime changer de personnage à chaque chapitre, tout en continuant l’histoire. Par les yeux de chacun, on a l’impression de détenir pleinement les clés, tout en changeant de point de vue selon les humeurs, les sentiments de chacun. Le choix du découpage n’est pas fait au hasard et tombe juste. La gouaille de Monsieur Mike, l’énergie de Mariette ou le besoin de maîtrise de Millie sont autant de pistes de compréhension d’une même situation. Associez à cela, une écriture fluide et enlevée, et vous ajoutez le simple plaisir de lire, comme lorsque vous voyez un film purement divertissant au cinéma.
Valérie Tong Cuong, ma belle découverte…
A chacun de tirer le bien-être ou un regard nouveau sur les coups du sort de la vie et les attitudes que l’on peut adopter pour toujours en puiser le meilleur. En tout cas, au-delà de ce roman, plein de belles idées ont germées dans les rouages de mon esprit !
Roseline
L’atelier des Miracles, de Valérie Tong Cuong, editions JC Lattès, décembre 2012.