Je me suis acheté une jupe, mais là n’est pas la question. Une jupe noire et fluide du Comptoir des Cotonniers. Inutile de s’y attarder, je ne suis pas là pour leur faire de la pub, je ne suis pas sponsorisée. Mes vêtements je me les achète, mes produits de beauté aussi. Ne croyez pas que je sois jalouse des bloggeuses gâtées par les marques. Elles ont bien de la chance, du talent aussi sans aucun doute.
Donc je me suis acheté une jupe longue noire et soldée à moins. Je me suis offert une aubaine, mais avant pour me lever tout doute, éviter une mauvaise surprise, je l’ai essayée, me suis cachée en cabinet, ai quitté mes vêtements.
Je me suis glissée dans la longue jupe noire et fluide, je me suis glissée dans mes souvenirs. J’ai attaché le crochet à la taille, ma mémoire a refait surface.
J’ai eu une jupe il y a très longtemps noire, longue et fluide, ma vie je m’apprêtais à l’inventer. Cette jupe accentuait ma minceur, donnait de la gravité à ma jeunesse. J’aimais la sentir jouer avec le vent, se glisser entre mes jambes sans jamais entraver mes pas.
Et puis un jour mon grand-père est mort, j’ai su que j’étais enceinte. Que la vie était ainsi, que rien ne dure, ni le bonheur ni le chagrin. Je me suis approchée trop près d’un radiateur, la jupe a brulé. Elle n’a pas connu mon bébé, n’a pas su la suite de l’histoire, les autres rires, les autres larmes.
Ma jupe longue noire et fluide m’a été rendue, à moi plus tout à fait la même, à moi qui me souviens