Source : http://affaires.lapresse.ca/
On trouve littéralement de tout dans le
magasin coop de Kangiqsujuaq, un petit village de l'extrême nord du Québec.
Ici, des vêtements. Là, de la nourriture. Plus loin, des électroménagers. Dans
le fond de l'établissement, pour les visiteurs de passage, des sculptures en
pierre à savon et d'autres pièces d'artisanat local.
Le même tableau se répète dans les 14
communautés du Nunavik. Les Inuits de Kangiqsualujjuaq, sur la baie d'Ungava,
ont créé la première coopérative du nord du Québec en 1959, bientôt imités par
les membres des autres communautés. En 1967, ils ont fondé la Fédération des
coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ) pour favoriser la croissance.
Les 14 coopératives, qui exploitent des
magasins généraux, des hôtels et des camps de chasse et de pêche, ont
maintenant un chiffre d'affaires combiné de 83 millions de dollars.
«C'est très important pour une population de
12 000 personnes», commente le directeur général de la fédération, Heng Kun.
La grande majorité des coopératives sont
rentables.
«Il y a toujours une ou deux coopératives qui
font des déficits, mais la fédération les épongent, indique M. Kun. C'est la
condition qui nous a été demandée par la Caisse d'économie solidaire Desjardins
pour continuer à obtenir du financement pour des projets de construction.»
Ça tombe bien, la fédération a ses propres
revenus et peut assumer ces dépenses. Le chiffre d'affaires de la FCNQ a
atteint 233 millions l'année dernière grâce notamment à l'approvisionnement des
magasins coop, à l'exploitation de dépôts pétroliers et à une entente de
partenariat avec la société Desgagnés Transarctik pour le transport maritime de
marchandises. Contrairement à la Société Makivik, la FCNQ n'a pas investi dans
des navires, mais elle s'occupe de la commercialisation du service de transport
et retire un pourcentage des revenus.
Les magasins coop font face à un concurrent
de taille, Northern, une filiale de la société manitobaine North West Company.
Toutefois, certains éléments les distinguent.
«Nous avons notre philosophie à nous,
explique M. Kun. Les prix sont les mêmes dans les 14 communautés, contrairement
à Northern, qui a des prix différents pour refléter les différences dans les
coûts de transport.»
En outre, les coopératives peuvent verser des
ristournes aux membres.
«L'an dernier, la grosse coopérative de
Puvirnituq a versé un millions en ristournes sous forme de parts sociales et
d'argent comptant, raconte M. Kun. Ça fait une différence.». Les coopératives emploient 380 employés,
surtout des Inuits, ce qui est fait le plus important employeur privé dans le
Nunavik. Le roulement est cependant important.
«Comme coopérative, nous avons une échelle
salariale qui n'est pas compétitive vis-à-vis les sociétés parapubliques,
indique le directeur général de la fédération. Nous formons des employés, mais
parce que nous ne les payons pas assez cher, ils vont travailler ailleurs.»
La fédération elle-même emploie environ 170
personnes, surtout des blancs, à son siège social de Montréal. «Nous essayons de recruter le maximum
d'Inuits, affirme M. Kun. Nous recrutons même des gens sans emplois, dans la
rue. Mais ce sont des gens qui ont divers problèmes. La première semaine, c'est
beau, mais après deux ou trois mois, il y a beaucoup d'absentéisme et ils
quittent. Mais nous faisons des efforts.»