Un petit rappel pour commencer : ce qu'on nomme "big data" est un concept (un peu flou) qui décrit la capacité désormais accessible aux entreprises d'analyser de gigantesques volumes de données et d'information, sous des formes diverses et hétérogènes (structurées ou non), en temps réel ou presque. Dans le secteur financier, ces possibilités sont mises à profit pour, par exemple, améliorer la gestion des risques ou affiner les ciblages marketing.
Un billet publié sur le blog du Wall Street Journal illustre ces opportunités avec les initiatives des 4 principales banques américaines et je complèterai ce panorama avec une récente annonce de MasterCard, qui confirme les mêmes tendances.
Or, même dans ce cas presque élémentaire, les techniques traditionnelles d'analyse sont enrichies puisque, outre le suivi de la navigation des internautes sur le site en cause, d'autres sources de données, telles que des retranscriptions de conversations dans les centres d'appel, ont été exploitées.
Un problème présent dans quasiment toutes les institutions financières de la terre est en effet l'existence de silos dans les différents métiers, qui fait que les informations existantes sont éclatées dans des îlots isolés les uns des autres. Une des applications envisagées pour les technologies "big data" est justement de tenter de fédérer ces sources hétérogènes, afin d'en dégager une vue globale des clients (la fameuse "vision à 360°). Il sera toujours temps, ensuite, d'introduire des données externes...
L'enjeu est extrêmement important dans un contexte où les revenus des banques sont sous pression : la capacité à mieux mesurer le niveau de risque de chaque opération est un excellent moyen d'améliorer les résultats.
A plus long terme, Wells Fargo se projette déjà au-delà de cette première étape. Un de ses dirigeants évoque notamment l'émergence de l'analyse comportementale des clients. Les données disponibles permettent dès maintenant d'identifier les habitudes des consommateurs (celui qui dîne régulièrement au restaurant, celle qui préfère attendre les soldes pour renouveler sa garde-robe...). Une connaissance qui permettra bientôt de concevoir un marketing individualisé, bien plus percutant.
Par rapport à des approches plus classiques, l'exploitation des quelques 1,5 milliards de points de mesure dont elle dispose grâce à son activité dans les cartes de crédit lui permet de détecter les tendances parmi les consommateurs avec un niveau de granularité inégalé, découpant la population en groupes de plus en plus petits et homogènes. Cerise sur le gâteau, ces rapports personnalisés peuvent être générés en quelques minutes !
L'article cite le cas d'un fabricant de vêtements espagnol (Zara ?) qui utilise déjà cette offre pour déterminer les tendances en matière de flux de vente et en déduit les localisations optimales pour ses ateliers et ses boutiques.
Cette dernière est une entité de services dont la proposition est de délivrer à ses clients, en temps réel, des données agrégées et des analyses détaillées sur les transactions du commerce de détail. En venant enrichir cette première brique d'une expertise reconnue, l'accord qui vient d'être conclu démontre clairement le potentiel de ce marché et l'importance que lui accorde MasterCard.
Jusqu'à maintenant, évoquer le concept "big data" dans une banque pouvait prêter à sourire (j'en ai fait l'expérience !). Ces exemples prouveront, j'espère, que le sujet doit maintenant être pris au sérieux, d'autant qu'il peut permettre aux DSI de répondre pro-activement à des attentes, plus ou moins formellement exprimées, des directions du marketing, des risques...