« On ne change pas une équipe qui perd », telle était l’idée du staff français avant la rencontre face aux Gallois ce samedi. Et maintenant on fait quoi ? Maintenant on monte un « commando » pour aller taper les British, à sa tête le général Philippe Saint-André, féru de métaphore guerrière. Après avoir brillamment constaté que « cette équipe ne fait plus rêver », PSA s’est mué en chef de guerre, dans 15 jours on saura s’il est de la trempe d’un Patton.
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Waterloo bis
Le match de samedi est en beaucoup de points similaire à celui de Rome. A l’heure du bilan, les mêmes adjectifs reviennent à la bouche : faible, imprécis, mauvais, nul, passable, chiant. On croirait presque lire un bulletin de notes de Franck Ribéry. Qu’ont fait les français tout le match ? Ils se sont débarrassés du ballon au pied et se sont donc privés de la possession (la fameuse logique du je donne le ballon donc je ne l’ai pas…). Effectivement beaucoup ont souligné que nous avions énormément et ardemment défendu, nous n’aurions pas eu à le faire autant si nous avions gardé les ballons (la fameuse logique du j’ai le ballon donc je ne défends pas). On aimerait bien savoir combien de chandelle à taper Machenaud ? Le mec s’est pris pour Augustin Pichot ! Si au moins on avait récupérer les ballons dans les airs…
Autre constante depuis l’Italie, la grande faiblesse de l’attaque française. Les bleus ont été incapables de créer du jeu, défendre a été un jeu d’enfant pour les gallois tant nos mouvements étaient stéréotypés. On aurait pu jouer jusqu’au petit matin sans marquer. On est mauvaise langue, on a eu une occasion d’essai, un deux contre un vendangé par Huget. Où est la créativité de novembre ? Ce n’est pas en mettant du poids au centre avec ce bon vieux Bastareaud que les choses vont s’arranger.
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PSA= Sergent Chaudart?
« Casque à pointe » avant d’affronter les gallois, « commando » avant les anglais, on espère que Saint-André n’aura pas à construire une ligne Maginot à Dublin. A l’heure actuelle, le sélectionneur français doit avoir un joli mal de crâne en cherchant les solutions qui pourront remédier à nos carences actuelles. Une semble toute simple : faire jouer les joueurs à leurs postes. On vous l’accorde ce n’est pas l’idée du siècle, c’est même de la redite. Mais force est de constater qu’un Fofana serait beaucoup plus efficace au centre de l’attaque, qu’avoir un triangle 11-14-15 de joueurs évoluant à des postes similaires en club ne serait pas du luxe. Pour parler le langage PSA : il faut arrêter de mettre des tirailleurs sénégalais comme conducteurs de char.
Il est peut-être temps de rompre avec les deux tournées précédentes. L’exemple principal en est Maxime Machenaud, sur ce tournoi il n’a clairement rien à faire ici. Même si le mec a été l’auteur de très bonnes performances depuis le début de saison, il n’a plus le même rendement. On ne voit pas comment Parra ne pourrait pas être titulaire à Londres. Certains joueurs n’ont pas le niveau international, par exemple Taofifenua est sûrement un grand espoir mais il est techniquement friable. On peut aussi citer Debaty, qui a certes beaucoup progressé mais est encore très limité en mêlée fermée…
La forme du moment fait que des joueurs comme Dusautoir, Ouedraogo n’ont pas leur volume de jeu habituel. On ne peut pas le cacher très longtemps au niveau international. Même diminués, peut-on se priver de tels grognards avant d’aller chez les British, le général devra trancher.
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Et pendant ce temps la…
Les italiens ont pris une rouste en Ecosse. L’ogre transalpin, bourreau de nos pauvres bleus s’est fait atomisé chez l’une des équipes les plus faibles du tournoi. On avait déjà 3000 ou 4000 raisons d’être inquiet, en voici une de plus. L’Italie, aussi exemplaire et courageuse soit-elle, reste encore une petite nation du rugby. Les explications sur la défaite de la semaine dernière, aussi sympathiques et respectueuses soient-elles pour les italiens, ne sont qu’un nuage de fumée.
Les irlandais et les anglais ont le sourire aux lèvres en suivant de loin nos mésaventures. Tant mieux pour nous, au point où nous en sommes autant faire marrer les copains. Le « commando » qui ira à Twickenham devra prouver à toute une île que le coq français reste fidèle à sa légende, il n’est jamais aussi dangereux que quand il est à l’aube de la mort. La motivation ne devrait pas être trop dure à aller chercher. Si la guerre est déjà perdue, certaines batailles seraient bonnes à gagner.
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