POST-HARDCORE - Moi qui suis un grand fan de post-rock et de post-hardcore, je dois dire que j’ai été parfaitement comblé par ce petit bijou du quatuor Suisse de Cortez. Ici se côtoient poésie, animalité, transe et talent.
Les hostilités démarrent avec un "Temps Mort" qui n’a, justement, rien de moribond. Ce titre hypnotique annonce la couleur entre fureur punk-hardcore et la violence d’un Dillinger Escape Plan. Le plus intéressant réside dans ce côté lancinant qui laisse le champ libre à des errances et divagations personnelles. Quand la musique parvient à vous faire décrocher de ce que vous faites, de pourquoi et comment vous pensez, c’est bon signe ! Les choses continuent de plus belle avec "Transhumance" plus planant encore et "Au delà des flots" plus violent, qui confine presque à la folie. En écoutant la voix déchirée de JR hurlant « ils veulent tout prendre » j’avoue avoir ressenti un certains malaise tellement ce dernier est habité par les textes qu’il psalmodie avec une conviction solide. La dessus, une guitare qui rejoue encore et encore la même ritournelle, tandis que la batterie et la basse vous tabassent la gueule avec malice. Bienvenue dans l’univers angoissant de Cortez !
Je crois que les choses commencent vraiment à se corser avec "L’autre estime" qui me fait penser à du Mars Volta dans l’énergie qui y est développée. Mention spéciale à des guitares qui saturent ce qu’il faut pour laisser un grain particulier à cette musique envoutante et grasse.Petit crochet du droite avec un final "Borrelia" au sein duquel on ne sait plus trop quel son est en train de nous déchirer l’oreille interne. Des bruitages avec toujours l’idée d’une ritournelle déglinguée et lointaine qui fait place 2 minutes et 30 secondes plus tard à un déchainement de cris, toutefois maitrisés.
« Ce disque n’a pas été conçu dans le but de passer un agréable moment au coin du feu »
Au niveau production on est sur un post-rock gras qui aurait pu bénéficier d’un poil de contour et de compressions pour donner une chaleur supplémentaire, même si, on se doute que ce disque n’a pas été conçu dans le but de passer un agréable moment au coin du feu. En fait j’ai eu le sentiment en écoutant ces longues plages planantes, que le côté planant, n’était justement pas mis à sa juste valeur. Le dernier titre est superbe et aurait, à ce titre, mérité une prod un peu plus burnée, moins froide en fait.
Quoiqu’il en soit c’est un boulot réussi et nos Suisses ont réalisé là un disque douloureux, torturé et explosif à l’image du dernier son qui conclue leur disque. Allez donc découvrir de quoi il s’agit !