Avez-vous entendu parlé de Cory Booker? Elu en 2006, Cory Booker est le charismatique maire démocrate de Newark (NJ) qui aurait aussi pu faire carrière au cinéma, tant son minois est plaisant, sorte de mix entre Warrick des experts, Kojak et un je-ne-sais-quoi de Puitt Taylor Vince, mais en beaucoup moins creepy. Cory Booker, encore inconnu au bataillon il y a peu, fait couler beaucoup d’encre outre Atlantique et sa notoriété a pris l’ascenseur depuis les récentes fusillades qui ont meurtri le pays de l’oncle Sam. On se souvient encore d’Aurora, Newtown ou encore Webster, qui avait vu un de ses singuliers citoyens mettre le feu à une voiture pour ensuite canarder les pompiers venus éteindre l’incendie. Il y a quelques années, Cory Booker a vu une personne se faire tirer dessus et avait passé de longues minutes à essayer de stopper l’hémorragie avec ses mains en attendant l’arrivée des secours. Traumatisé par cet événement, il a décidé d’agir.
C’est ainsi que Cory Booker a eu le courage, et il en faut, de s’insurger contre la libre circulation des armes aux USA en se lançant le défi d’en faire disparaître le plus possible. En 2009, il a démarré une campagne de rachat d’armes illégales. Le concept est simple: chaque propriétaire d’armes non déclarées qui les ramène à la mairie de Newark se voit remettre la somme de 200$ par unité, sans être inquiété.
Aujourd’hui, on estime qu’il y a entre 270 et 300 millions d’armes à feu en circulation aux USA et qu’il s’en vendrait plus d’1 million par mois. Paradoxalement, le nombre de détenteurs a, quant à lui, diminué. Pour preuve, en 1973, 50% des américains possédaient au moins une arme à feu, depuis les années 80, ils ne seraient plus que 21%. Merci au hip hop qui a encouragé les jeunes à régler leurs problèmes en breakant plutôt qu’en se trouant la peau! On peut donc imaginer qu’il y a plein de gens très bien avec beaucoup de flingues (parce que oui, faut arrêter, y aussi des personnes honnêtes qui font du tir et que dans le lot, il faut quand même compter un ou deux toyés avec un arsenal à faire pâlir la Corée du Nord et qui n’attendent qu’une petite contrariété pour tout faire péter.
D’ailleurs, vu les récents spots de la NRA ça ne va pas s’arranger: on conseille aux femmes de s’armer pour ne plus être victimes et ne plus dépendre des hommes qui ne sont jamais là pour les défendre, on responsabilise les pères de famille pour qu’ils protègent leurs enfants et on balance du si vis pacem parabellum à tout va. Entre l’artillerie en circulation et les offensives marketing de la NRA, (d’ailleurs avec l’argent qu’ils ont ils pourraient au moins se payer des visuels dignes de ce nom), ce pauvre Cory Booker est perpétuellement à la recherche de fonds.
Eh bien il a trouvé une solution plutôt originale… enfin c’est la solution qui est venue le trouver, en la personne de Jessica Mindich. En 2008, Jessica Mindich a lancé un joli concept: « joaillerie pour une cause« . Concrètement, Jessica crée des bijoux et reverse 20% de son bénéfice à différentes ONG. Et devinez quoi? Elle recycle les flingues récupérés par son ami Cory et en fait de jolis bracelets estampillés du numéro de série de l’arme retirée de la circulation et de la mention Newark. Certaines pièces ont même droit à un petit diamant. Il faut compter entre 150 et 350$ par bracelet et pour tout le bénéfice karmique qui en découle. La production reste encore marginale, seulement 250 armes ont été recyclées, mais au moins, la notoriété de Cory Booker s’accroit et laisse entrevoir un futur exempt de fusillades et de balles perdues.
En faisant quelques recherches, j’ai trouvé quelques autres actions de recyclage similaires. Bien sûr, plein d’artistes nus pieds en font de merveilleuses oeuvres tout aussi laides qu’inutiles, mais il y a aussi des idées bien plus profitables, à l’instar de celle de l’artiste Pedro Reyes. Motivé par l’effrayant nombre de morts par balles tombés dans sa ville de Culiacan au Mexique, Pedro Reyes propose aux citoyens d’échanger leurs armes contre des coupons de réduction pour des appareils d’électroménagers. Une fois ces biens récupérés, Pedro les fond et en fait des instruments de musique ainsi que des têtes de pelles utilisées dans une vaste opération de plantation d’arbres.
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Une autre manière hautement symbolique de faire disparaître ces méchants objets est celle utilisée dans la construction du stade olympique de Londres. En 2009, la police londonienne, qui est très active en matière d’écologie, a récolté plus de 52 tonnes d’armes à feu, couteaux, pieds de biche et autre vieilles clés qui ont été fondus et utilisés dans la structure de nombreux bâtiments, dont, justement, le fameux stade olympique qui a monopolisé nos écrans l’été dernier.
Comme il est 2:33am et que je dois me lever de bonne heure demain matin, je laissers le mot de la fin à Joey Starr qui après celles du CSA, s’était attiré les foudres de la NRA.
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