Depuis quelques jours, une affiche annonce dans mon ascenseur qu'un homme — ou une femme, mais c'est souvent un homme — passera pour relever les compteurs d'eau. D'habitude, je ne suis jamais là, il me laisse alors un petit papier, où je dois moi-même inscrire où j'en suis dans ma dépense d'eau —ce qui se résume à quelques litres de plus pour les deux lavages de dents par jour, quelques litres pour le lavage des mains, un peu plus pour la douche matinale, idem pour la vaisselle. Il vient tous les quatre à cinq mois, autant dire que le compteur ne bouge pas beaucoup entre chaque. Je regarde mon agenda et constate que je serai chez moi la journée indiquée sur l'affiche, j'économiserai donc un timbre. Nous voici le jour dit. Je me lève assez tôt pour travailler. Je m'installe à mon bureau. Vers 10 heures et demi, je ne suis toujours pas douchée, et me dis qu'avec la chance que j'ai, il va sonner quand je serai sous l'eau. Bref, je continue de travailler. À midi, toujours personne. Un peu énervée d'avoir patienté pour rien, je vais me doucher en me disant que de toute façon, c'est un humain, un genre de fonctionnaire qui a des horaires bien précis, et qui doit donc être en train de déjeuner. Je prépare mes affaires, approche la serviette, me détache les cheveux, ouvre le robinet, entre sous la douche, met du shampooing. Quand soudain, la sonnette.
M.T.