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Mon trésor

Publié le 10 février 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses
robesCrédits photo : Romaric Cazaux

Quand j’étais petite ma mère m’entourait souvent, d’amies avec lesquelles je m’inventais des mondes, ou de sa seule présence. Fille unique, je ne me sentais jamais seule. J’appréciais ma solitude comme prolongement de mon imaginaire. J’aimais mes amies à l’opposé de moi, blondes, grandes, rondes ou d’une autre origine que la mienne. J’appréciais les tandems atypiques que nous formions.

Moi la brune, et elle la blonde. Parfaite comme une poupée, ses cheveux dorés encadrant son visage angélique. Nous avons partagé nos premiers rêves de couples avec les garçons de notre classe, choisissant l’année qui nous semblait magique de 1999 pour nos mariages respectifs. Nous avons exploré et expérimenté les mêmes jeux, créant des potions avec tout ce que nous trouvions dans la maison, épiant par des endroits insoupçonnés les jeunes couples, tournant tant et plus sur nous même pour dessiner avec nos jupes un cercle parfait. C’était l’époque où nous marchions main dans la main, comme pour ne pas nous perdre.

Plus tard, avec nos tenues assorties sans le faire exprès, avec mon amie vietnamienne qui était mon « double asiatique », nous nous amusions aussi de cette ressemblance. Toutes les deux de la même petite taille, nos cheveux tombant au même niveau sur nos reins, et nos robes souvent du même style.

J’enviais mes amis qui avaient des frères et sœurs pour pouvoir partager ce sentiment fraternel. Je ne comprenais pas leurs bagarres incessantes.

Et quand enfin, au bout de seize ans, ma sœur est venue au monde, j’eus enfin le sentiment intense, qu’elle était mon trésor de la vie. Sa seule existence, un cadeau qui m’assurait une compagnie  éternelle.
Et elle, qui se mirait dans mes robes, dans mes livres et BD ou dans mes histoires, abolissait notre différence d’âge, créant des ressemblances au-delà de nos différences d’apparences. Elle avait refermé la boucle, en devenant l’élève de mon amie d’enfance blonde, pour ses cours de solfège.

Et il y a juste quelques semaines, elle a laissé sa main dans la mienne, la regardant comme elle faisait quand elle était plus jeune, faisant fi des regards des autres adolescents que nous croisions. Je n’ai pu alors réprimer mon sourire.

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