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Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Publié le 10 février 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

you are on the right path
you will realize
the tears are there to leave you
with a brighter pair of eyes
and the pain that you’ve been fighting
is an angel in disguise
it is love
and love is wise

-Sarah Slean, The Right Words

Ottawa, le 1er février dernier — Début de la tournée pancanadienne de la chanteuse Sarah Slean. Une tournée durant laquelle elle présente en concert les chansons de Sea, la deuxième section de son album double lancé en 2011, Land & Sea.

Alors que Land traite des beautés de la vie, de l’amour, des forces intérieures, Sea évoque plutôt la solitude, la tristesse, les écueils de l’existence.

La tournée Land avait vu Sarah traverser le pays l’an dernier avec un petit groupe de musiciens, en format rock (guitares, basse, batterie, claviers, etc.).  Pour Sea, comme sur l’album, elle a plutôt fait appel à des musiciens classiques.  En effet, dans chaque ville visitée, la chanteuse monte sur scène avec un petit orchestre local.  À Ottawa, onze violonistes et violoncellistes l’accompagnaient, en plus d’un contrebassiste, d’un batteur et d’une choriste, la très talentueuse Karen Kosowski.

Avec le sourire et la fougue enfantine qui la caractérisent, Sarah Slean s’est installée au grand piano noir et s’est alors lancée dans une interprétation magistrale de Cosmic Ballet, la première pièce du disque Sea. https://www.youtube.com/watch?v=xiG-HqcqEEc

À 35 ans, et avec plus de 15 ans de métier derrière elle, la jeune femme est au zénith de sa carrière.  Elle possède une maîtrise totale de cet instrument fascinant qu’est sa voix, en plus de ses habiletés remarquables au piano.  Son attitude comique entre les chansons crée un joli contraste avec le sérieux qu’elle met dans ses performances.

Elle fait preuve de beaucoup d’humour, mais également de profondeur dans ses remarques qui portent sur le vieillissement, la mort ou tout simplement la vie.  Et si les sujets sont parfois lugubres, elle les traite toujours avec délicatesse et avec un sourire.  Cette femme est la grâce incarnée.

Et que dire de la musique !  Qu’il s’agisse de The One True Love ou Napoléon, le spectateur est emporté, soulevé.  L’accord parfait entre la voix, le piano, les cordes et autres instruments vient créer à l’occasion un petit frisson chez l’auditeur.  Les pièces sont fidèles aux versions studio originales, les arrangements essentiellement les mêmes, mais la proximité des musiciens sur scène rend l’expérience plus marquante pour le spectateur.

Mais qui dit Sarah Slean dit « personnalité Mini Wheats ».  Si le concert se veut sombre et sérieux, la chanteuse présente quelques chansons amusantes, comme Lucky Me.  Pour cette pièce, elle s’avance au micro, en milieu de scène, et sa gestuelle rappelle celle du vidéoclip.  Ses mimiques sont celles d’une comédienne née.  La jeune femme est à l’aise dans son corps, dans son esprit, et on prend plaisir à la regarder faire la gamine.  Une lumineuse gamine.

Sur le disque, Sarah Slean a tout chanté.  Voix principale, chœurs, tout.  Sur scène, c’est Karen Kosowski  qui fait les chœurs.  Kosowski, qui travaille et compose également avec la merveilleuse Emma-Lee, est une femme aux nombreux talents.  En plus de faire les chœurs, elle accompagne Slean au clavier.  Sa voix s’accorde parfaitement à celle de Sarah Slean et, ensemble, elles recréent les harmonies que l’on retrouve sur les versions studio des chansons. https://www.youtube.com/watch?v=4S7GvIxAiDg

En première partie, le Montréalais Ian Kelly est monté seul sur scène avec ses guitares acoustiques.  Bredouillant entre les chansons, s’adressant au public en jouant la carte de la nervosité, il a su gagner les spectateurs par sa simplicité.  Si ses interventions étaient brouillonnes, ses chansons, elles, brillaient par leur clarté et leur beauté.  À la fois profondes et humoristiques, ses paroles sont ancrées dans le quotidien.

En janvier, Sarah Slean, tout comme Naomi Klein et Maude Barlow, a refusé la médaille du Jubilé de Diamant de la Reine Élizabeth II qui devait lui être remise.  Pour des raisons qu’elle évoque avec éloquence dans une entrée de son blogue (à lire ici, en anglais), la chanteuse a fait preuve d’intégrité.

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…
Et c’est quelque chose qui la définit, car, depuis ses débuts, elle a toujours suivi son cœur et son instinct.   Elle n’a pas la popularité d’une Sarah Mc Lachlan, elle n’atteindra jamais les sommets commerciaux de Céline Dion, mais elle a créé au fil des ans un corpus de chansons qui transcendent les modes et les genres.  Sa curiosité intellectuelle – dont j’ai pu constater l’étendue en la rencontrant en novembre 2011 – ainsi que son ouverture sur le monde en font une artiste brillante.

Je vous invite à découvrir cette chanteuse, si ce n’est déjà fait.  Si vous cherchez quelque chose qui ne soit pas préfabriqué, qui n’ait rien à voir avec la pop bonbon qu’on nous balance à la figure constamment, qui soit réfléchi, mature, et qui vous amènera un peu plus loin, tendez l’oreille vers cette artiste accomplie dont je ne saurais dire que du bien.

Notice biographique

Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma.  Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…
Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant Peterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)

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