Polibio Diaz
Né en République Dominicaine en 1952
http://www.polibiodiaz.com.do/
Q : Comment commencez-vous à vous intéresser à la photographie ?
P : J’ai voulu étudier le génie civil à l’université du Texas A & M et là-bas je suis tombé sur un cours de photojournalisme, je me suis inscrit, je n’étais même pas électif dans mes tâches. Cela m’a beaucoup aidé : le cours, en plus de cela, m’a donné la possibilité de me rapprocher de l’histoire de la photographie jusqu’à ces jours ; j’ai alors connu les grands maîtres de la photographie, les européens, les américains… Surtout Muybridge, il a été de ceux qui m’ont le plus impressionné, car mes photos ont quelque chose de cinématographique, du mouvement. Cependant, en tant que caribéen, la photographie en noir et blanc ne me disait rien du tout.
Polibio Diaz
Q : Comment ce séjour aux Etats-Unis vous influence-t-il?
P : Il m’a beaucoup affecté en tout. En premier lieu, c’est à ce moment que j’ai découvert que je n’étais pas si blanc que ce que mes parents et la société dominicaine m’avaient soutenu. Quand j’étais à l’université, où je me présentais le plus blanc possible, j’ai découvert tout à coup Black is Beautiful. Cela a marqué ma vie. J’y suis entré avec le cheveu gominé et j’en suis sorti à la mode afro, j’ai découvert ce que c’était que d’être exotique. J’y ai également trouvé mon identité en tant que caribéen, j’y ai admis que nous sommes excentriques, allègres, d’où l’importance de la couleur dans mon œuvre.
Polibio Diaz
Q : En quels termes réfléchissez-vous sur l’identité dans votre œuvre ?
P : Pour atteindre l’universel il faut partir du local, de votre identité. C’est comme un processus naturel, vous regardez l’œuvre d’artistes contemporains qui ont eu une grande influence et ils utilisent ces principes, que cela soit, ou non, l’intention de l’artiste. Mon œuvre est sociale et je me suis toujours regardé le nombril, il y a ici des problèmes de base que l’on n’affronte pas et qui affectent tout le monde aux Caraïbes et hors des Caraïbes. J’ai été très proche de la classe ouvrière dominicaine, dans le sens où je la considère plus authentique, ses intérieurs sont plus originaux, ils sont davantage eux-mêmes que la haute société dominicaine qui sont le produit de ce qu’on voit dans les revues, en Europe et aux Etats-Unis.