Au moment de la mise en place de cette commission, force fut de constater qu’effectivement, l’indépendance n’allait pas de soi. Outre le fait que le président de ladite commission fut nommé par... le président du Conseil général, il se trouve que les six membres de la commission ont été désignés par les partis politiques, considérés comme représentatifs dans le département... par le Conseil général lui-même pour ne pas dire son président. Le résultat donne deux membres désignés par le PS, deux membres désignés par l’UMP, Europe Écologie-les Verts et le Front de Gauche obtenant un siège chacun.
D’emblée, on cherche à savoir où est passé le PRG qui gère la ville de Tarascon-sur-Ariège et qui a bien failli ravir ce même canton, lors des dernières élections au parti du président: «Le PRG n’a pas fait acte de candidature», a fait savoir d’une façon laconique Augustin Bonrepaux. Seulement voilà, personne n’a fait acte de candidature puisque, tel que le déclara le président du Conseil général en séance publique: «Il m’a semblé que sept membres, dont le président qu’il nous revient de désigner, pouvaient composer cette commission.»
Ladite commission a été installée officiellement en septembre 2011 en l’absence du représentant d’Europe Écologie-les Verts: «Nous sommes dans l’expectative, on ne voit pas vraiment quel sera l’apport de cette commission au sein de laquelle siègent les seuls représentants de partis choisis par le président du Conseil général», expliquait alors François Calvet qui attendait de connaître les moyens de fonctionnement de la commission. Aujourd’hui, il attend toujours, tout comme chaque citoyen ariégeois.
Certes, le président nommé est brutalement décédé au cours de l’année 2012, mais son remplacement n’a pas eu lieu et d’ailleurs à quoi bon. Sachant que le secrétariat de la commission doit être assuré par la direction de l’administration et des finances du Conseil général, on voit mal les quatre membres désignés par des partis qui auront voté le budget départemental, demander des comptes sur des politiques qu’ils auront cautionnées ou mises en œuvre. «Ce n’est pas une commission politique, il n’y a pas de place pour les questions polémiques», avait cru devoir préciser Augustin Bonrepaux afin de lever les interrogations qui pouvaient se faire jour: «La commission ne porte pas de jugement sur les décisions du Conseil général», ajoutera-t-il pour signifier la feuille de route, mais on s’en doutait un peu. D’autre part, les membres de la commission sont soumis au devoir de réserve, les débats n’étant pas publics: «On ne peut pas empêcher le débat», tempère Augustin Bonrepaux qui regrette: «Il arrive que ce que nous disons ou faisons soit mal interprété», on se demande bien pourquoi…
Philippe Serpault
Rappelons qu'Augustin Bonrepaux a été mis en examen en octobre 2012. (Lire "Tintin et les piqueuros")