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Ces photos qui en disent trop

Publié le 09 février 2013 par Corboland78

L’entrée de la photographie dans l’ère numérique a eu une conséquence évidente, nous nous sommes mis à photographier tout et n’importe quoi, en quantités astronomiques, puisque nous n’étions plus astreints au coût du développement et à l’attente pour la récupération de nos clichés.

L’arrivée des Smartphones pouvant faire eux aussi d’excellentes images n’a fait que prolonger la tendance, la simplifiant encore plus, avec ce petit bonus, à peine la photo prise elle est illico envoyée sur Facebook. Du coup le réseau social se trouve submergé de photos qui toutes se ressemblent à peu de choses près. Il y a celles prises au cours d’une fête avec bouteilles bien en vue, celles où joue contre joue avec son copain ou copine on se serre pour entrer dans le cadre, les photos romantiques genre coucher de soleil et surtout, me semble-t-il, toutes ces photos de chats dans toutes les situations possibles. Il est d’ailleurs incroyable de voir comme les femmes sont enclines à nous montrer leurs minous sous Facebook en une véritable épidémie exhibitionniste !

Les moindres week-ends ou vacances sont prétextes à une folie de mitraillage tous azimuts. Comme si nous avions besoin, par ces preuves visuelles, de nous persuader que nous avons réellement bien vu ou vécu ces évènements. Une méfiance envers notre mémoire qui confère un poids excessif à celle de notre appareil photo, puis à celle de notre ordinateur après transfert.

Tous ces clichés s’accumulent dans le dossier Mes Images et il faut bien les classer à un moment ou un autre. Soit vous abandonnez, découragés par l’ampleur du travail conséquence du retard pris, soit vous vous y attelez régulièrement pour ne pas tomber dans le travers précédent. Quand les photos papier finissaient dans des albums, un tri rigoureux éliminait les doublons, les photos pas nettes ou mal cadrées, de façon à ne conserver que la crème de ce que vos possibilités artistiques vous permettaient. Désormais, un laxisme certain causé par le numérique – voir le début de ce billet – pousse à conserver beaucoup plus de photos qu’il n’est nécessaire. Cet excès est préjudiciable, car il n’incite pas à revenir souvent voir ces photos. Ce serait trop long, trop de temps à consacrer à cette occupation.

D’ailleurs, revoir de vieilles photos qu’on a prises soi-même, c’est s’exposer à de multiples déconvenues. Constater la mauvaise qualité de beaucoup d’entre elles, cadrages foireux, exposition ratée, etc. Ce sera aussi le risque de tomber dans la nostalgie, au rappel de souvenirs heureux, ou bien de revivre des moments définitivement perdus en ranimant les visages de ceux qui nous ont quittés. Les photos me font presque toujours pleurer pour toutes ces raisons.   

Les photos en disent trop sur nous même car ce qu’elles immortalisent c’est avant tout, notre état d’esprit ou notre pensée à l’instant où elles furent prises. Nous croyant cachés derrière l’objectif, sans rapport avec l’objet photographié, nous en sommes à notre insu le sujet principal. L’œil qui vise le lointain nous cache la réalité, à savoir que c’est notre « moi » qui scrute notre inconscient. Méfiez-vous des photos, elles parlent beaucoup plus que vous ne le croyez et comme souvent quand on veut se cacher, la meilleure place n’est pas un coin sombre, derrière l’objectif, mais en pleine lumière, au cœur de l’image.  


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