Dans deux semaines les italiens se rendent aux urnes. Feront-ils le choix d'Oscar Giannino, qui semble bien plus proche des idées libérales que d'autres.
Par Roberto Fucile, depuis la Suisse.
Oscar Giannoni
Le 24 et 25 février prochain, les italiens devront choisir leur nouveau président du Conseil des Ministres. De toute évidence, ces élections semblent ne servir à rien tant la situation italienne est désespérante ; des finances publiques désastreuses, une dette de plus de 1900 milliards d'euros et une économie administrée étatiquement. A mon humble avis, l'Italie se dirige vers une situation similaire à celle de la Grèce ainsi que de l'Espagne et du Portugal. Bref, il y a peu d'espoir. Il faudra toutefois faire un choix, dans deux semaines, et si la plupart se seront résignés à bouder les bureaux de vote, d'autres opteront pour le vote symbolique ; celui s'adressant à Oscar Giannino.
Mais qui est Oscar Giannino ? Sous ses airs d'intellectuel léniniste et de dandy, malgré la couleur rouge sang de son parti Fermare il Declino (Arrêter le Déclin), ce journaliste et économiste turinois n'est rien d'autre qu'un lecteur d'Hayek et de Friedman. Vous l'avez compris ; un libéral classique cultivé et qui en sait ô combien plus que ses adversaires politiques. Par le passé, déjà, il s'était fait remarquer en signant le manifeste des Réformateurs libéraux, en 2005, afin de promouvoir les idées ainsi que les réformes libérales au sein de l'ancienne formation politique, la Maison des libertés. Sans succès, ce qui est logique lorsqu'on voit de quoi était composée cette coalition qui ne défendait en rien les libertés.
Dès lors, et au vu de la situation, il s'est clairement détaché du centre-droit italien et du « berlusconisme » en général. Il considère en effet que, et ce depuis toujours, les tenants du centre-droit - et de la droite - ne sont que des menteurs qui n'ont fait que piller les italiens. Ces critiques sont bien évidemment également adressées à la gauche italienne, tout aussi responsable de l’effondrement économique du pays et de l’appauvrissement des citoyens. C'est alors, face au mécontentement populaire et afin de mettre un terme au bipolarisme illusionniste, qu'il décide de se lancer en campagne électorale, le 2 janvier 2013, en tant que tête de liste du parti Fermare il Declino et ce bien que Silvio Berlusconi - lui aussi candidat - ait invité Oscar Giannino à se retirer par peur de perdre des voies. Ce dernier a tout simplement décliné l'invitation.
Mais venons à l'essentiel, c'est-à-dire son programme. De quoi s'agit-il concrètement ? Il se résume en un manifeste contenant dix points centraux :
- Réduire la dette publique
- Réduire les dépenses publiques
- Réduire taxes et impôts
- Libéralisations et privatisations
- Flexibilisation du marché du travail
- Combattre la corruption
- Réformer la justice pour la rendre plus efficace et rapide
- Dépasser le sexisme et le machisme afin de limiter ses conséquences
- Réformer l'éducation en la fondant sur la méritocratie et la décentralisation
- Retour à un vrai fédéralisme fondé sur une large décentralisation institutionnelle
Bien évidemment, nous sommes loin d'un programme qui tend à réduire l'Etat à ses fonctions régaliennes. En tant que libéral, et donc logiquement anarchiste, il m'en faudrait bien plus que ces réformes et ce d'autant plus que la question monétaire est absente du programme politique. Néanmoins, Oscar Giannino a le mérite d'amener un vent frais et libéral sur la place publique italienne. Mieux, il semble même être apprécié par une partie des citoyens et j'en ai pour preuve cette standing ovation lors d'une émission. C'est pour moi tout simplement un exploit, lorsqu'on sait que le libéralisme est tout aussi détesté en Italie qu'en France - deux pays à tradition étatiste exacerbée.
Finalement, il est évident qu'il ne gagnera malheureusement pas et ce même si sa rhétorique anti-taxe, qui touche les classes les moins aisées ainsi que les couches moyennes de la population, lui fait obtenir quelque crédits aux yeux des électeurs. Tout comme Ron Paul aux Etats-Unis, bien que le texan soit toutefois bien plus libéral, il est marginalisé et ridiculisé. Pire, il est tout simplement évincé comme en témoigne cette illustration issue du journal La Repubblica. Les MSM (mainstream media), chiens de garde des pouvoirs établis, ont donc fait leurs choix et lorsqu'ils lui donnent la parole, c'est pour parler des autres et non de son programme. Bref, il faut toutefois retenir l'essentiel ; la révolution libérale fait son chemin et atteint même les terres les plus hostiles à la philosophie de la liberté. Ne baissons donc pas les bras et, bien que le pire nous attend sûrement, continuons à y croire. Ad Libertatem, Semper !