On s’insurge chaque année devant cette cérémonie pleine de faux bons sentiments que sont les Victoires de la Musique. On ne comprend pas les nommés, encore moins les récompensés. Et, pendant qu’une partie de l’industrie musicale boit du champagne à s’en brûler le gosier dans les coulisses du Zénith, l’autre crache son venin et sa haine devant sa télé. Indé vs Major. David vs Goliath. Mais contrairement à l’histoire, le grand et fort triomphe toujours. En vrai.
Aux Victoires de la Musique Universal Music, la major des majors, raflait à elle seule sept récompenses. Ce ne sont pas forcément les meilleurs artistes qui ont gagné mais plutôt ceux qui ont rapporté le plus d’argent. Ceux qui ont vendu le plus d’albums, ont rempli le plus de salles de concerts. Ceux qu’on a vu le plus sur les plateaux télé, ceux qu’on a le plus entendu à la radio, ceux qui ont eu le droit à le plus de lignes dans les pages des magazines et journaux. A ce petit jeu-là, Universal à trois longueurs d’avance, tellement elle a la main mise sur l’industrie musicale. Universal, c’est l’énorme machine de guerre qui a fourni la plupart des nommés de la soirée, une usine à artistes d’où sont sortis Lou Doillon, Skip The Use, La Grande Sophie… et surtout C2C à quatre reprises : album électronique, clip musical, révélation du public et enfin révélation scène… Parce qu’ils ont un set particulier c’est sûr. Dans mes souvenirs et pour les avoir subi sur tous les festivals l’année dernière, il s’agissait de quatre mecs qui scratchaient alignés derrière leurs platines, sans un regard pour le public. Ah si, des fois, ils lèvent un bras en l’air. Quatre David Guetta moins kéké plus version club parisien. Et puis quoi d’autre ? Ben rien. Mais, ils sont partout, on les entend partout malgré nous. Dans les publicités, les émissions de télé, toutes les dix minutes sur les ondes. Partout. Le matraquage de l’année très justement récompensé. C’est Universal lui-même qui se félicite de nous avoir inondé avec son éléctro réchauffé et sans saveur.
Loin derrière Universal, on retrouve Cinq 7. Pas de scandales ici, on est heureux de voir Dominique A récompensé. Enfin l’industrie de la Musique reconnaît son talent. L’une des plus belles plumes de la chanson. Un grand homme. Un autre grand homme qui n’a évidemment pas volé son prix Oxmo Puccino. Le patron du rap.
Because Music aurait dû repartir avec la récompense album électro pour Wax Tailor, il n’aura que celui de musique du monde pour Amadou et Mariam… L’unique « groupe world » que le public est susceptible de connaître un minimum. Tôt ou Tard glane une récompense, pour les horripilants Shaka Ponk. EMI ? Une seulement aussi grâce à Camille pour la chanson originale de l’année (l’insupportable « Allez, allez, allez« ). La major s’est effondrée l’année dernière. Fauchée, elle a été racheté par…Universal.