Le poème est la manière de vivre, et l’unique manière
de mourir,
indifféremment, d’une extatique :
glisser dans l’infini, flotter
au fil de Dieu léger instant d’élection.
Au fil des yeux glacés de Dieu
qui ne pleurent pas, ne veillent pas, ne formulent pas
d’opinions
qui regardent sans se fixer, et en approuvant tout,
pratiquent l’ordonnancement et les instants précis,
protègent le scorpion, le serpent, la seiche
(détestés par les humains, qui mêlent ces formes
à leurs passions) ;
confesser une seule foi : la Curiosité.
parcourir les maisons du capricorne, du scorpion et des
poissons
emprunter à l’oiseau la fantaisie et le parcours
et voleter vers le bas
comme une aile enroulée de vent,
liberté véloce, en forme d’oiseau.
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Eeva-Liisa Manner (1921-1995) – Ce voyage (Tämä matka, 1956) – Traduit du finnois par Jean-Jacques Lamiche