Citius, Altius, Fortius

 La devise latine prononcée par le Baron Pierre de Coubertin lors de la création du comité olympique en 1894 à la Sorbonne prend un sens totalement différent aujourd’hui. « Plus vite, plus haut, plus fort » a déjà été servi de fil rouge aux plus grands réalisations cinématographiques avec Extrême Limite – « toujours plus loin, plus fort plus vite » – et La Croupe du Monde 98 d’Alain Payet.

Cette devise est également la ligne de conduite du réseau mafieux qui s’est permis de piper pas moins de 680 matches de football entre 2008 et 2011 selon Rob Wainwright, directeur de l’office européen de police Europol. Ces matches truqués, principalement en Europe mais également en Afrique, en Asie et en Amérique latine, impliqueraient 425 joueurs, arbitres dirigeants ou intermédiaires originaires d’une bonne quinzaine de pays (Singapour étant considéré comme le centre névralgique des opérations).

Les fans de transpiration et d’Isostar en ont eu pour leur éthique en ce début d’année après les révélations nauséabondes de Lance Armstrong qui explique que gagner sept fois le Tour de France sans un cocktail EPO-transfusions sanguines-testostérone est impossible. « De toute façon, si tout le monde se dope, à la fin c’est toujours le meilleur qui gagne non ? » pourrait être la conclusion de son entretien avec Oprah. À là une également, les arrangements de la famille Karabatic qui apparaissent plus comme une connerie de mec bourré au Ricard qu’autre chose, mais le mal est fait. C’est maintenant au tour du sport le plus populaire de prendre une claque.

Nous pouvions déjà flairer l’odeur du scandale après le coup de pied dans la fourmilière que France Football a mis en exposant au grand jour les magouilles qataries. A la limite, on s’en branle un peu et ça nous arrange plutôt que la prochaine coupe du monde se joue au Qatar puisqu’il n’y a que trois heures de décalage entre Paris et Doha. Pas besoin donc se lever au milieu de la nuit pour voir l’équipe de France s’en prendre plein la gueule : on pourra garder notre rythme de vie à peu près normal. Ce qui nous surprend très sincèrement c’est que la Suisse monte sur le podium européen des matches truqués. C’est d’ailleurs la première fois que la Suisse peut monter sur le podium d’une compétition sportive (luge et curling exclus).  Notre seule déception reste que le championnat de Ligue 1 n’a pas été mentionné lors de cette enquête. Même les mafias véreuses qui n’ont aucunes connaissances du football savent qu’il sera difficile de se faire un peu de blé sur un Sochaux – Troyes coté à 4,25 pour un match nul.

Le crime organisé a les mains libres pour faire des profits colossaux en manipulant les résultats de rencontres et en organisant un réseau de dopage tellement efficace que tout le monde s’incline et ferme les yeux devant leur savoir faire. Il faudra être monté gros pour ferrer ces gros poissons qui savent jouer avec les appâts à coups de millions. Toutes les institutions sportives sont concernées et c’est désormais à leur tour de prendre leurs responsabilités au risque de devenir complices.On a l’intuition que ce dont nous vous parlons aujourd’hui n’est que la face visible d’habitudes solidement ancrées dans le monde du sport professionnel et que se cacher derrière le logo du Fair Play perdra à l’avenir sa saveur.

Bref, la corruption à encore de belles années devant elle. On pari ?