Ma première journée aux Berlinales, le Festival international du film de Berlin, ne commence pas très bien. Mon accréditation en poche depuis la veille, je me rends tranquillement à l’European Film Market, lieu accessible aux personnes munies du précieux sésame uniquement. Je suis devant la porte du Martin-Gropius Bau à 8h30, heure d’ouverture du bâtiment. Seul hic, un panneau m’indique que l’entrée principale est fermée et que je dois faire le tour du bâtiment. J’obtiens quand même une bonne place dans la file d’attente. Mais voilà, les portes sont fermées là aussi. Peu à peu une longue file se forme, une centaine de personnes peut-être. Il fait froid. Et le temps passe lentement mais sûrement. Il est 9h05. Ça sent le roussi: pour avoir des places aux représentations les plus prestigieuses il faut arriver à l’heure. Et pendant que nous faisions la queue comme des imbéciles, les portes qui étaient fermées à la base se sont ouvertes, laissant une ribambelle d’accrédités accéder au guichet avant nous. Du coup, le temps que j’y parvienne à mon tour, on me dit gentiment que la représentation de « Promised Land » au Berlinale Palast est complète.
Comble de malheur, toutes les tables à disposition sont prises, je ne peux même pas m’asseoir pour boire mon café. Heureusement, une dame m’accepte auprès d’elle. J’en profite pour appeler ma soeur pour me plaindre et proférer quantité de jurons au téléphone. La communication terminée, ma voisine de table engage la conversation en français (oui, j’ai eu un peu honte). Il s’agit de Marielle Pietri, directrice artistique du Festival du film de Cabourg, que je vous invite à découvrir ici. Marielle s’occupe de la programmation de ce festival particulier ayant pour thème central l’amour. Malheureusement, le programme des Berlinales n’est pas très fourni en ce premier jour. Marielle m’invite donc à me joindre à elle pour aller voir le célèbre buste de Nefertiti au Neues Museum en attendant. Après une matinée riche en sarcophages, nous nous rendons aux screenings du Film Market pour y voir 3 films.
Le premier, KELLY + VIKTOR, une histoire d’amour et de strangulation entre un jeune homme ébloui tant par l’agilité que par l’originalité de sa partenaire lors de leurs ébats. Il tombe fou amoureux (ou du moins pense l’être) de celle-ci: Kelly, jeune femme vénéneuse et énigmatique. C’est le début d’une idylle dangereuse à la Romeo et Judas. Le film est destiné à un public averti, étant riche en scènes érotiques et/ou violentes. Un peu prévisible mais très touchant et bien filmé, âmes sensibles ou déprimées s’abstenir.
Deuxième film, FILL THE VOID, un long-métrage israélien. Immersion totale dans la culture juive pour le meilleur et pour le pire (car le film tourne essentiellement autour du mariage). L’histoire commence alors que l’aînée d’une famille religieuse et respectée meurt en couches, laissant derrière elle un petit garçon et un veuf. Celui-ci qui doit rapidement trouver une nouvelle épouse pour « combler le vide ». La mère de la défunte, devant marier sa fille cadette, décide de faire d’une pierre deux coups, pour le plus grand malheur de sa jeune accordéoniste de cadette. Les scènes de danse et de chant sont assez distrayantes, et l’aspect comique de certaines situations m’a fait sourire plus d’une fois. Mais quand la balance finit par pencher du coté du drame, les personnages qu’on trouvait attachants deviennent vite déprimants. Et les longueurs (interminables) se font sentir dès le milieu du film qui a beau être casher mais n’en reste pas moins cheesy. Dommage.
Place au plat de résistance, TWO MOTHERS. L’histoire se déroule en Australie. Deux femmes qui se connaissent depuis toujours, proches comme deux soeurs (incarnées respectivement par Naomi Watts et Robin Wright), vivent a quelques pas l’une de l’autre dans de belles maisons donnant sur une plage. Elles ont chacune un fils. L’une est veuve, l’autre voit son mari partir à Sydney pour le travail. Quelques années plus tard, les garçons, adeptes de surf, sont devenus deux apollons. Les deux femmes sont très bien conservées et regrettent leur jeunesse perdue (ce qui élimine presque toute ressemblance avec Harold et Maude) . Une chose en entrainant une autre, le fils de la veuve charme la meilleure amie de sa mère. Et le fils de celle-ci, décide de s’attaquer à la veuve. De l’interdit naissent deux relations atypiques qui ne tardent pas à éclater au grand jour. Les roses sont rouges, les bourgeons sont verts. Et si ton meilleur pote se tapait ta mère? J’ai quelques doutes quant à la crédibilité de l’histoire mais processus d’identification mis a part, le film est agréable à regarder. C’est une fable intrigante sur l’amour, mais surtout sur l’amitié. Et c’est justement l’amitié fusionnelle de ces deux femmes qui fait tout l’intérêt du film.