La flambée des prix du blé, du maïs ou du soja se répercute sur le prix des denrées alimentaires.
Elle provoque de graves crises sociales, parfois même des émeutes, dans une trentaine de pays d'Asie et d'Afrique notamment. Causes et risques.
D'Argentine au Zimbabwe, en passant par le Mexique, le Burkina Faso, le Sénégal, l'Egypte, le Bangladesh, la Thaïlande et les Philippines, les émeutes de la faim se multiplient, faisant leur lot de victimes. La situation s'est particulièrement dégradée depuis une quinzaine de jours. La farine, le riz, le maïs, le lait et d'autres denrées de base ne sont plus accessibles à de larges couches de populations dans de nombreux pays. Leurs prix ont explosé. Dans certains cas, ils ont plus que doublé en quelques mois. (...) l'Afrique court le risque d'un «vrai tsunami économique et humanitaire».
En Haïti, l'un des pays parmi les plus démunis au monde, des milliers de jeunes sont rassemblés devant le palais présidentiel depuis une semaine. Des barricades ont été érigées et les affrontements avec la police ont fait cinq morts et des dizaines de blessés.
Dans les villes africaines, les manifestations éclatent à tout moment. Au Cameroun, les autorités évoquent 40 morts depuis le début du mois. A Ouagadougou, capitale de Burkina Faso, une grève nationale a paralysé toutes les activités ce mardi. Au Yémen, une marche d'enfants a eu lieu en guise de protestation.
C'est la même histoire en Asie. Au Bangladesh, les foules se battent pour accéder aux magasins mis en place par l'Etat pour vendre le riz à un prix subventionné. Un groupe paramilitaire est chargé de surveiller et réprimander la manipulation des prix ou la constitution illégale de stocks de riz. Le chef militaire du pays aurait demandé aux villageois de substituer la pomme de terre au riz.
A Manille, capitale des Philippines, l'armée a été déployée pour superviser la distribution de vivres dans les quartiers déshérités. En Inde, le gouvernement mène une guerre féroce contre le marché noir. Même le richissime Singapour n'a pas été épargné et des dizaines de personnes sont allées jusqu'à braver l'interdiction de manifester. En Thaïlande, premier exportateur mondial de riz, les autorités ont dû démentir fermement les rumeurs d'une pénurie pour éviter la panique. L'armée garde les rizières.
La Banque mondiale résume bien la situation: une trentaine de gouvernements en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud risque de connaître de graves instabilités politiques et sociales. Elle fait remarquer que dans les pays en développement, l'alimentation représente jusqu'à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés. «Il va y avoir des troubles et les pays les plus pauvres en pâtiront beaucoup plus que les nations les plus riches comme la Malaisie et Singapour».
Les premières émeutes de la faim ont eu lieu au début de l'année dernière au Mexique, où le maïs et le blé, ingrédients nécessaires pour les tortillas avaient augmenté de plus de 40% par rapport à l'année précédente.
Face à la colère de la rue, de nombreux Etats tentent tant bien que mal de venir à la rescousse de consommateurs. Certains subventionnent les prix au détriment d'autres dépenses publiques. D'autres éliminent les droits de douane à l'importation. Certains pays avaient même reporté leurs achats, espérant un recul des prix. Or, c'est exactement le contraire qui s'est produit. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase en ce début d'avril est la flambée du riz. Son prix s'est envolé de 50% en l'espace de deux semaines suite à diverses actions visant à limiter les exportations, au Vietnam, en Thaïlande et en Inde. La semaine dernière, le cours a touché le sommet historique de 1000 dollars la tonne. Pour la moitié de l'humanité pour qui le riz est l'aliment de base, le calvaire est loin d'être fini.
(article publié par le journal le Temps)
Une explication supplémentaire sur le pourquoi de cette frénésie des prix :
article
Mon sentiment est qu'à long terme on se dirige vers un phénomène très préoccupant ; il y a tout simplement trop de monde sur terre et pas assez à manger... la mode des biocarburants (une erreur fatale quand on sait que la production coûte plus en énergie que l'équivalent en extraction de pétrole) et une politique protectionniste de la part des états producteurs de matières premières en général vont faire plonger certains pays dans le chaos !
Qui sait si en France les tickets de rationnement ne vont pas refaire surface un jour !?
Aujourd'hui tout le monde dépend de tout le monde mais chacun y trouve son compte car les échanges se font dans les deux sens ; si un jour un pays comme le Vietnam décide de garder son riz pour les vietnamiens, la confiance inter-états est rompue et vous imaginez la suite... ! chacun pour soi ! (ça me fait penser au film MadMax... je suis persuadé qu'un jour on y arrivera ; j'espère que je serai mort d'ici là !)