Le 21 janvier dernier Maurad Rabhi, membre de la direction confédérale de la CGT,en charge des questions d’emploi et du chômage accordait une interview exclusive à Slovar les Nouvelles, où il déclarait : « Les patrons sont les grands gagnants de cette négociation. Les salariés dans leur grande majorité n'ont pas encore pris la mesure rélle de la portée de l’accord du 11 janvier 2013 (...) » Et ajoutait : « (...) Ainsi, on a parlé de formation, de complémentaire santé, de temps partiel, de droits rechargeables pour les chômeurs. Dont les modalités et le délai de mise en oeuvre sont particulièrement flous (...) »
Ce qui contredisait les propos des organisations signatrices de l'accord qui nous expliquaient qu'enfin la flexisécurité à la française était en marche et que, cet accord était « gagnant gagnant » pour les entreprises et les salariés. Or, hier soir, on apprenait que : « Laurence Parisot n'est pas satisfaite de la réécriture de plusieurs dispositions de l'accord, qui modifie l'équilibre général du texte »
C'est à dire ?
Laurence Parisot, qui essaye de faire modifier les statuts du Medef, pour refaire un autre mandat, est en campagne, et veut montrer à ses adhérents, qu'elle est capable de défier le gouvernement et la représentation parlementaire.
Pour ce faire, elle refuse que le texte issu de l'accord que le gouvernement doit réécrire en droit, pour le soumettre aux parlementaires, intègre la mise en place immédiate de la généralisation des complémentaires santé, ainsi que celle des droits rechargeables (permettant aux chômeurs de conserver leur reliquat de droits à l'indemnisation en cas de retour à l'emploi).
Comment le justifie t-elle ?
: « (...) Selon le camp patronal, le ministère du Travail a réintroduit la «clause de désignation» dans l'article 1, qui vise à généraliser les complémentaires santé. Exit dans ce cas la liberté de choix laissée aux entreprises, qui n'auraient donc d'autre liberté que de retenir le prestataire jusqu'ici simplement recommandé par la branche. « C'est un casus belli pour nous », martèle-t-on ce jeudi soir au Medef.
Donc pas d'égalité de traitement des salariés par branches mais un traitement plus ou moins favorable en fonction de l'humeur des patrons de chaque entreprise ! Autre disposition litigieuse: la mise en place de droits rechargeables pour les chômeurs est à ce stade «obligatoire», alors qu'elle est conditionnée dans l'accord à la réalisation d'études d'impact préalables. «Cela contrevient à ce que nous avons signé», s'insurge-t-on au Medef (...) » nous dit Le Figaro
Mais, direz-vous, on n'est plus vraiment dans le « gagnant gagnant ». C'est exactement ce que nous expliquait Maurad Rhabi lorsqu'il déclarait : Les patrons sont les grands gagnants de cette négociation.
« Cela contrevient à ce que nous avons signé ». Ce qui laisserait entendre que la CFDT, la CGC et la CFTC, les trois syndicats signataires étaient non seulement au courant mais ont validé ces dispositions.
En résumé, la fléxibilité est immédiatement applicable mais la sécurité est remise aux calendes grecques ! Car, ne l'oublions pas, le Medef n'a pas caché il y a quelques jours son intention de mettre en place une réforme en profondeur de l'assurance chômage. Et même si la CFDT affirme qu'il n'est pas question de baisser les indemnités de chômage, on est en droit de penser que la sécurisation des salariés est bien mal partie ! Alors, les droits rechargeables ...
Pour donner la dernière touche à ce tableau, il faut noter que l'une des mesures tant vantée par Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT : la représentation des élus dans les conseils d'administration des grandes entreprises, est ... également rejetée par le Medef.
Qu'en dit la CFDT ?
Est-elle en colère ? Hé bien non, puisqu'elle déclare un peu gênée : « Nous avions convenu avec le Medef que ces points seraient précisés au Parlement », avoue-t-on à la CFDT. Justement pour donner du grain à moudre aux députés et ne pas leur donner l'impression de n'être qu'une chambre enregistreuse »
Prendre les parlementaires pour des enfants en bas âge et se moquer ouvertement des salariés, il n'a pas à dire, c'est vraiment un accord « gagnant gagnant » qui ressemble furieusement à ... un marché de dupes !
Sources La Tribune BFM Business Le Figaro Libération CFDT
Crédit et copyright photo La Tribune