Editions Sonatine765 pages23 eurosParution le 14 février
4ème de couv :
« La plupart des tueurs en série n’ont rien à voir avec les mythes qu’ils ont engendrés. Ils ne vivent pas isolés, au milieu des bois ou au fin fond d’un asile. Ce sont vos propres voisins. Comme Bundy, Statler, Gacey, Williams, Merrin et des centaines d’autres sur cette liste, ce sont des individus que vous croisez aux réunions de parents d’élèves ou aux matchs de base-ball de Little League, ils prennent le bus avec vous, leurs enfants jouent avec les vôtres, et ils récitent peut-être même le Notre Père avec vous, lors de vos réunions de famille.» Ainsi parle Jack Scott, directeur de l’agence fédérale en charge des crimes violents et spécialiste des serial killers. Lorsqu’une mère et ses deux filles sont sauvagement assassinées dans une mise en scène macabre, c’est le début d’une chasse à l’homme impitoyable. Jack, qui pensait avoir tout enduré, devra affronter son passé pour mettre la main sur un tueur atypique, aussi pervers que machiavélique.
Roman choral, baroque, d’une ampleur peu commune, Il marque d’une pierre noire l’histoire du roman de serial killer. Cette descente vers le mal, angoissante et crépusculaire, au suspense implacable, outrepasse toutes les limites du genre, et nous donne un aperçu d’un réalisme rare sur les méthodes d’investigation de la police américaine. À tel point que l’auteur a été mis en examen par le FBI afin qu’il livre les sources lui ayant permis d’être aussi proche de la réalité. Problèmes judiciaires qui expliquent pourquoi ce livre, paru aux Etats-Unis en 1992 et immédiatement devenu culte, est resté inédit en France jusqu’à ce jour.
Derek Van Arman est un pseudonyme. Il est son seul roman.
L'avis de Dup :
On suit Jack Scott, directeur du programme ViCAT ( Violent Criminal Appprehension Team ) de la police fédérale américaine. Grand profiler doté d'une empathie exceptionnelle, lui et son équipe basés à New-York, traquent sans relâche les tueurs en série. Depuis leur "nacelle", centre névralgique du ViCAT, ils sont reliés vingt-quatre heures sur vingt-quatre à tous les centres de police fédérale des Etats-Unis. Collecter, analyser, relier les données. C'est un peu la bureaucratie des horreurs... Leur but, traquer des monstres pour protéger des innocents. Et bien souvent, ces innocents sont des femmes seules et des enfants. Scott proche de la retraite est usé, physiquement, mais surtout moralement.
Quand, au milieu de ces milliers de dossiers, resurgit une façon de faire, un modus operandi comme on dit, c'est le pire cauchemar pour lui. Car celui-là de monstre, il l'avait appréhendé au tout début de sa carrière. Il avait été mis sous les verrous et exécuté dans un État où la peine de mort existait encore. Scott va retourner "sur le terrain" et on va suivre sa traque... et c'est vraiment, vraiment passionnant.
Réaliser que ce IL peut être n'importe qui : votre voisin, votre mari... c'est vraiment flippant.L'auteur aborde et creuse tous les acteurs de ces chasses à mort. Car il faut bien parler de pluriel là. Il y a les tueurs qui traquent leurs proies, mais il y a aussi Scott et son équipe qui traquent les tueurs... Les chapitres alternent entre la vie des futures victimes, la quête d'un tueur dans la banlieue de Washington, le jeux d'un autre tandem qui se croient en "safari viols-tueries" en pleine Floride, les membres du ViCAT, mais aussi celle d'agents fédéraux locaux qui vont être impliqués et rejoindre Scott. Cette construction, bien que classique marche à tous les coups. C'est l'angoisse permanente pour le lecteur : savoir ce qu'il va advenir du ou des personnages que l'on vient de quitter au chapitre précédent.La psychologie des tueurs est si bien décortiquée qu'elle fait franchement froid dans le dos, notamment les "désaffectés". Les aveugles des sentiments. La situation semble tellement réelle ! On sait qu'il va y avoir de la casse, il ne peut pas en être autrement. Les serial killer mis en avant, ces ILS, sont tellement méthodiques, machiavéliques, organisés, et surtout intelligents. Même si l'équipe en face l'est tout autant, ils ont toujours un soupçon de retard, se basant sur des faits. Et c'est là tout l'art du profilage : se confondre à l'autre afin de penser à l'identique pour enfin, anticiper.Ce roman est mené de main de maître. Pas une seule seconde de répit, une pression permanente avec un final explosif. Nuits blanches garanties une fois ce livre démarré. Un excellent thriller que je recommande chaudement aux amateurs du genre. Personnellement, j'en fais un énorme coup de coeur.