Produire de l’électricité et de la chaleur à partir du jus polluant issu de la fermentation de la choucroute… L’idée parait saugrenue, et pourtant il s’agit bel et bien d’une des activités de la station d’épuration de Krautergersheim, qui traite depuis novembre dernier les effluents que les choucroutiers de la région lui ramènent par convoi de camions citernes.
Installée au milieu du Bassin de l’Ehn, où est concentré 70% de la production française de choucroute, l’usine de traitement des eaux usées de Krautergersheim accueille désormais les effluents des choucroutiers qui polluaient autrefois les cours d’eau de la région. La production de choucroute génère en effet un déchet acide, corrosif et très chargé en composants organiques qui peut, selon Clément Ritter (porte-parole de la Lyonnaise des Eaux), « représenter l’équivalent des eaux usées de 140000 habitants » en termes de pollution à traiter.
M. Ritter explique le processus biologique qui se déroule dans le « réacteur » : « on a trouvé des bactéries capables de consommer, en quelques heures, 90% des composants organiques du jus. Et en plus, elles produisent par méthanisation un biogaz d’une excellente qualité« . Le « biogaz de choucroute » issu de ce procédé de méthanisation est ensuite mélangé au biogaz produit par les boues d’épuration du site afin de produire de la chaleur et de l’électricité. Selon les responsables du site, le biogaz produit correspond à la consommation énergétique de 1500 personnes.
Utilisées pour faire tourner la station, il arrive cependant que la chaleur et l’électricité produites au sein de la station soient redistribuées sur le réseau EDF comme l’explique Jérôme Fritz, directeur du site : « le principal objectif est d’être autonome en matière de chaleur, mais il nous arrive d’avoir du surplus grâce au biogaz que l’on transforme alors en électricité, quand l’activité choucroutière est au plus haut« .
Une chose est sûre, manger de la choucroute est maintenant devenu un geste écoresponsable!