Mardi était jour de fête, l’anniversaire de fils cadet, le bébé qui ne l’est plus depuis fort longtemps, occasion de réunion, de viande rouge et de gâteau au chocolat.
Mardi, la famille était réunie autour de la table, arriva l’heure d’allumer les bougies, où il fallut que je me lève à la recherche d’un briquet, sur la table du salon. C’est là que je l’ai vu, qu’il a sauté du présentoir à cartes postales, celui qui affiche de jolis moments de ma vie, à mes yeux : une petite lettre d’amour enfantin naïve et pleine de fraîcheur. Mes yeux se sont fermés, et je me suis laissée transportée en ces temps lointains, où j’étais aimée de trois hommes, dont deux en devenir, deux qui étaient mes fils. J’étais leur unique, celle qu’ils ne quitteraient jamais, celle qu’ils se disputaient, celle qu’ils voulaient marier plus tard quand ils seraient grands. Je les raisonnais, expliquais que ce n’était pas possible, que la vie l’amour les attendaient ailleurs, que moi je serai toujours là, qu’il ne fallait pas avoir peur.
J’étais heureuse.
Mes promesses, la vie les a tenue. Le temps passe et ne reviendra plus, ni celle que j’étais et que je ne suis plus. Différente. C’est bien. Aussi. Ainsi. A quoi bon. D’autres bras, charmants et frêles, se referment sur leurs corps. Je ne suis plus la seule femme de leur vie. Je suis leur mère
Leur mère qui s’est ébrouée, saisie du briquet, et s’en est allée massacrer « JOYEUX Z’ANNIVÈRE SERRE … », il est des coutumes auxquelles je ne saurais déroger …
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