A propos de Shadow Dancer de James Marsh
Andrea Riseborough
En 1993, après un attentat raté dans le métro londonien, Colette, une jeune veuve activiste de l’IRA (armée républicaine irlandaise), se fait arrêter par des membres du MI5, les services de sécurité intérieure et de contre-espionnage anglais. Mac (Clive Owen), un agent secret du MI5, lui propose alors un deal qui ne lui laisse pas beaucoup de choix : soit Colette accepte de collaborer avec le MI5 en donnant des renseignements sur les activités de ses frères, tous deux membres de l’IRA, soit la jeune Irlandaise passera les vingt-cinq prochaines années de sa vie derrière les barreaux, ce qui paraît incompatible avec l’éducation d’un fils qui n’a déjà plus que sa mère…
Écrit par le romancier et journaliste anglais Tom Bradby, d’après son propre polar éponyme sorti en 1998, Shadow Dancer est un thriller brillant dont la mise en scène sèche et épurée permet au duo d’acteurs formé par Clive Owen et Andrea Riseborough (Brighton Rock) de particulièrement s’illustrer.
Clive Owen
Servi par un scénario implacable, à l’image de sa chute en forme de coup de théâtre, Shadow Dancer est l’œuvre d’un cinéaste anglais qui a longtemps travaillé dans le documentaire avant de passer à la fiction. De ce passé, la caméra de James Marsh a hérité d’une lenteur qui sied bien à décrire les affres sentimentaux de Mac, tombé malgré lui amoureux de Colette alors que cette dernière se retrouve prise elle-même dans un dilemme cornélien : dénoncer les siens ou abandonner son fils à son sort, le laissant quasi-orphelin.
L’impasse amoureuse de Mac coïncide avec la crise morale et de conscience que rencontre la jeune Irlandaise, jouée par une très bonne Andrea Riseborough, que l’on ne devrait pas tarder à revoir. La jeune actrice anglaise incarne à merveille les contradictions d’un personnage complexe et ambivalent, tiraillé entre sa famille et des sentiments naissants pour un homme qui la séduit mais qui est l’incarnation du Mal pour les siens. Aux angoisses et aux émois de la jeune femme s’oppose un côté assez froid, « malin » et calculateur pour ne pas dire manipulateur chez elle. Mais Colette a-t-elle le choix et beaucoup de place pour agir ? Et qu’a-t-elle surtout à gagner dans cette guerre qui la dépasse et qui n’est pas la sienne ? Son credo ne serait-il pas plutôt de sauver ce(ux) qu’elle peut encore sauver ? Finira-t-elle par payer un tribut humain très cher dans cette guerre contre l’ennemi anglais ?
Peu de choses à redire dans ce thriller politique impeccable, haletant et teinté de mélancolie, tendu et pluvieux comme un crachin irlandais. Aux couleurs grises des paysages s’oppose le rouge du manteau de Colette, les compositions de Dickon Hinchliffe renforçant quant à elles le côté nonchalant de la mise en scène et lui donnant son rythme. Shadow Dancer reprend la trame classique du polar sur fond de romance tragique et impossible mais peut s’appuyer sur un Clive Owen des grands jours. L’acteur anglais trouve (enfin) un premier rôle à la hauteur de son talent, ce qui laisse des regrets quant à la rareté de ses apparitions. Dommage en effet, quand on le voit aussi à l’aise dans ce rôle d’agent secret perturbé dans sa mission par des sentiments amoureux imprévus, qu’il n’ait pas pu incarner James Bond (Owen n’a-t-il pas d’ailleurs un faux-air de Sean Connery jeune ?), un rôle qui, on s’en souvient, lui avait échappé de peu…
http://www.youtube.com/watch?v=W5_ooSiP7jc
Film anglais de James Marsh avec Clive Owen, Andrea Riseborough, Gillian Anderson… (01 h 41)
Scénario de Tom Bradby d’après son propre roman :
Mise en scène :
Acteurs :
Dialogues :
Compositions de Dickon Hinchliffe :