Talc couleur océan de
Jacques Josse. Je n’avais jamais lu ces poèmes en vers libres, avec une charge
érotique forte. Mais la thématique de Jacques tisse déjà l’écriture : la
pluie, la mer, l’amour jaune, la détresse sans fin ni fond en même temps que la
sympathie, la fraternité… L’écart du « je » plutôt que son
effacement : c’est l’autre qui
est mis au premier plan ; le « je », s’il est présent, assiste,
dans tous les sens du terme.
Voir demain pour monter la note CCP, mais il faudra mettre Talc et Absence en
tension autant qu’en résonance, avec au bout l’unité d’un travail, et d’un
bonhomme.
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Dans ces moments, je ne sais où va ma vie, elle flotte. Le présent n’a plus
d’épaisseur, il s’agit seulement de passer la journée et de se mettre en route
pour demain. Cet écrasement du présent par la fatigue aboutit à une impression
de non-sens global, de perte. D’autant plus troublant que l’on sait le temps
compté à rebours.
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Message à Antonio Rodriguez pour ses poèmes Papy
dans RBL. Bien aimé sa prose déliée tout autant que bancale entre pathétique et
grotesque. Il en ressort une émotion vraie et une volonté de mettre à distance
cette mort programmée, pour arriver à la manier en mots.
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Lu la préface de B. Noël pour Le nu,
en photo-poche. Capacité de Bernard à toujours mener une analyse intelligente
tout en restant clair. Réflexion nourrie de culture, sans pédantisme. Et des
intuitions fortes : par exemple, l’idée que la photo vêt le nu. Cela me
semble très juste. De même pour la différence entre peintre et
photographe : « le peintre atteint l’intensité par la lenteur, le
photographe par la vitesse ». Juste. De même pour l’artistique venant
voiler l’érotique, composition et cadrage, pose et posture… Cela ne me donne
guère envie de reprendre l’appareil photo. Mais j’aime vraiment chez Bernard
qu’il ne sente pas obligé d’étaler un savoir technique : il est d’abord
regard. Et il laisse parler son œil.
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Reçu le tome II des Œuvres complètes
de Reverdy. Un peu déçu : pas de préface, E.A. Hubert semble réduit à
portion congrue, aucun inédit côté notes. Une simple promesse du comité Reverdy
de faire une édition à part et exhaustive des Carnets. Dommage. Mais ce n’est pas rien d’avoir en main toute la
deuxième moitié de l’œuvre, ou presque. Question de budget ? Je ne crois
pas. Plutôt l’idée d’un feu d’artifice dans le tome I, qui tirerait l’achat
d’un II plus terne. Mais c’est encore un superbe boulot de 1600 pages qui
redonne accès à l’ensemble de cette œuvre qui demeure pour moi décisive.
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Coup de fil de la librairie Contact : les carnets sont arrivés.
Marie-Paule était encore à la librairie et accepte de me les apporter ce soir à
la lecture de Yoshimasu, le poète japonais. Impeccable. Si, par bonheur, ils
conviennent, j’aurai mon approvisionnement régulier, ici, direct. Et trouvé le
relais de la librairie parisienne de Jean-Patrice. Il a vraiment été sympa de
me ravitailler ces dernières années, et la fin de sa papeterie est
triste : devenir un magasin de fringues, un de plus. Comme la fin du
Divan…
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Envie d’y voir de plus près pour le livre numérique : l’ipad sera un
parfait cadeau de noël. Mais défiance forcenée côté Facebook et portable. On
doit pouvoir faire des choix technologiques, et dire oui ou non à chaque proposition
d’objet sensé faciliter la vie. Pour ma part, je n’ai pas envie de ce qui lie davantage.
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Jacques Morin m’envoie trois questions autour des notes de lecture, de la
critique, de mon refus d’écrire des préfaces. Je vais lui répondre. Depuis vingt
ans, il couvre l’actualité de la poésie, il a un œil critique exercé et une
façon personnelle d’écrire une note. Lui rendre hommage là-dessus. De plus,
c’est un type généreux et qui m’a aidé depuis Mur, paroi, ce qui ne date pas d’hier.
Mais intervenir tout seul dans la revue en tant que « noteur » n’a
guère de sens. Je vais proposer à Jacques l’idée d’un petit dossier sur ce
sujet. Je réponds à ses trois questions, je lui en pose trois autres, et il
contacte cinq ou six autres poètes noteurs. Ce pourrait être intéressant et
mettrait en valeur pour une fois ce boulot assez humble de critique au jour le
jour.
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suite lundi 11 février 2013
©Antoine_Emaz