Nous sommes d’accord, sur cette photo, ni vous ni moi ne voyons grand chose sur cette photo. C’était le matin, j’étais dans le brouillard, le coton de fin de semaine, aux nuits raccourcies aux jours qui se rallongent mais demeurent lourds sur nos épaules que l’on découvre si faibles en cette pénible saison qui s’étire.
Bref, pas un jour à se débattre avec ses cheveux. Un élastique deux tours, ça tenait, je n’allais pas en demander plus.
Je pars donc en courant, enfin c’est ce que j’essayais de me faire croire, arrive, évite l’ascenseur et l’épreuve du miroir. Quand la situation est grave, inutile de se donner une raison de désespérer …
Et puis quelques heures après je croise une vraie gentille, une denrée rare, dont chaque parole est rare, chaque mot sincère, une qui sait se taire, une comme on aimerait en croiser plus souvent dans nos couloirs laborieux. Elle me croise, me sourit, rebrousse son chemin, et me murmure, combien elle me trouve bien coiffée aujourd’hui. Suis éberluée, réponds un stupide « ah bon ». Oui, ce chignon sur le côté, elle le trouve ravissant.
Nous avons poursuivi nos chemins, elle vers son poste de travail, moi vers les toilettes. Enfin oser me regarder, mettre la main dans mes cheveux, dans le pompon chancelant, le chignon de mousse, décalé, désaxé, déporté sur la gauche. Il a cette innocence, ce charme involontaire, de ceux qui ne se s’ignorent pas beaux.
Mon chignon, mon compagnon, mon doudou, mon objet transitionnel, caressé, torturé, mon unique que jamais je ne retrouverai, ne m’a pas lâché, et c’est fièrement que nous avons sautillé sur les trottoirs, lui portant haut, moi a contre-temps.
C’est si bon de se sentir belle.
Classé dans:beauté, humeur