David Bailey ©David Bailey
La vie de David Bailey est profondément atypique et romanesque. L’histoire d’un garçon issu du prolétariat qui, à 20 ans, devient le photographe attitré du magazine Vogue. Le monde de l’argent, du Rock’n’roll et de la mode lui ouvre ses portes. Il fréquente, alors, les grandes célébrités du moment et devient l’ami de Jack Nicholson, Angelica Huston, et Denis Hopper…Il devient, à lui tout seul, l’une des figures les plus notables de l’univers de la photo du XXème siècle.
Son style est instantanément identifiable, dans la lignée classique de Nadar ou de Richard Avedon.
Son talent réside dans la mise en scène.
Il possède ce pouvoir infini d’accompagner ses modèles vers un état d’abandon complet, un travail offrant une composition d’une élégance assouvie et d’une âme provocatrice et rebelle. Mais cette provocation reste un atout sensuel et charnel, d’un profond humanisme.On lui connaît plusieurs grandes histoires d’amour avec de très belles femmes.Mais son aventure avec le mannequin Jean Shrimpton restera à jamais gravée dans l’histoire de la photo de mode.
En 1960, Shrimpton, alors âgée de 17 ans, rencontre Bailey au cours d’une séance pour le magazine Vogue. Il est de cinq ans son aîné. Amoureux d’elle, il quitte sa femme Rosemary Bramble et emménage dans un appartement du nord de Londres accompagnés de vingt six oiseaux et deux chiens !
David a donc une nouvelle petite amie, son prénom c’est Jean.
A eux deux, ils forment un fashion gang Barrow aurait pu dire Serge…Tout ne se passe pas de façon parfaite. Leurs infidélités respectives les entraînent sur un terrain dangereux de rupture, mais ils furent durant quatre ans le couple idyllique du monde de la mode, produisant à deux les séances photos les plus mémorables de l’histoire, incarnant par là un véritable souffle de liberté et de désobéissance justifié.En 1962, Bailey et Shrimpton partent à New-York avec Lady Clare Rendlesham, rédactrice en Chef du Vogue britannique.Insolent, têtu, mal élevé Bailey voit en Lady Clare l’incarnation de ce qu’il abhorre : l’art figé de ses conventions.
Lady Clare rend largement au couple leur animosité. Elle ne supporte pas ces jeunes gens venus du milieu populaire, qui ne connaissent rien aux règles de la mode et pourtant prétendent tout savoir.Bailey exige de photographier Shrimpton dans des endroits ou la mode n’avait jamais songé et/ou osé pénétrer, un grillage dans une zone industrielle délaissée ou encore les colonnes d’aération au sommet d’un immeuble.
Sur le pont de Brooklyn, il refuse de prendre Manhattan pour toile de fond, expliquant qu’il n’est pas un photographe de cartes postales…
Le conflit avec Lady Clare va jusqu’au point de rupture. Mais les clichés de Bailey sont parvenus jusqu’à la direction du Vogue anglais : ils débordent de créativité et d’énergie !
Ils sont exactement ce dont le magazine avait besoin pour se réinventer et pour s’adresser à un public nouveau – les jeunes gens – qui rendront au même moment, un succés notoire aux Beatles.
Bailey est envouté par Shrimpton, il la dévore des yeux, il provoque ses émotions, il "tremble" pour elle. Ses instantanés transforment cette femme en égérie d’une divine beauté que le magazine Glamour surnommera "The Face".
La fraction de seconde de l’objectif de Bailey ouvre l’éternité d’une absolue et délicate séduction.Nous sommes tous capable de reconnaître une photo de Jean Shrimpton. Ses yeux de biche, ses cheveux roux impeccablement mis, sa moue boudeuse et ses lèvres pâles, ses longues jambes s’échappant d’une mini-jupe, sont des signes tout aussi identifiables que ceux des mannequins actuels.
L’industrie de la mode n’a jamais pu se lasser de son image.
Muse du légendaire photographe David Bailey, Shrimpton restera à jamais la définition parfaite et charmante du Londres des années 1960.Fabrice Gil