"Cagnards". Ce mot, utilisé imprudemment par un journaliste de RFO télé, lors des émeutes du Chaudron, n'a pas été prononcé ni écrit lors des échaufourrées qui ont eu lieu ces derniers jours dans plusieurs communes de l'île. Les commentateurs ont préféré le terme plus neutre de "jeunes". A Saint-Louis, des arbres ont été coupés, des rues barrées, quelques poubelles incendiées. Le quartier de La Palissade a été particulièrement touché, ainsi que celui de Bellevue. Et le maire de la commune, Claude Hoarau, au lieu de calmer le jeu, s'est empressé de donner raison aux émeutiers, en déclarant que "bébé i plèr pa i gaigne pas tété".
Bon entre pleurer et foutre le bordel, il y a une nuance... Mais soit.
Ces "jeunes" réclament un travail auprès de la commune, un contrat aidé. Ce qui se comprend, quand on n'a pas de perspective, pas d'avenir, bref, quand on n'a rien. Mais toujours se retourner vers "la commune" pour gagner un ti contrat est un réflexe typiquement réunionnais. Un réflexe soviêtique, dans une France (et une Réunion) qui ne propose aucune porte de sortie à ses jeunes, non plus qu'à ses vieux, d'ailleurs. Hasta la revolucion siempre !, alors. Sauf que ces marmailles n'attendent rien d'une révolution, d'un bouleversement de la société. Au contraire, ils veulent y être intégrés, gagner un ti monnaie, histoire de consommer comme les autres citoyens consommateurs. Tout bénéf pour les tenants du libéralisme sauvage.
On se demande en revanche quel est le sens des propos du maire de Saint-Louis. Du genre "Vous avez raison, les gars, cassez tout, sinon vous n'aurez rien". Contrats aidés, contrats d'avenir, le maire a promis aux manifestants un avenir. Précaire. Mais Claude Hoarau a su lever le bouclier. Tout le mode(et les élus en premier) sait que ces contrats ne sont pas la solution au chômage endémique que connaît l'île de la Réunion. On pare au plus pressé. En même temps, y a-t-il d'autres paroles à prononcer de la part des édiles que "bébé i plèr pa i gaigne pas tété" ? C'est désespérant, des bébés qui coupent des arbres et brûlent des poubelles, pour un peu de lait venu d'en haut...
François GILLET