Magazine

Un remède d’éléphant

Publié le 31 octobre 2012 par Sylvie-Uderzo

Je lis avec une certaine tristesse que le film « Asterix au service de sa majesté » n’a pas vraiment rencontré son public. Bien qu’aujourd’hui je ne sois réduite qu’à faire ce type de constat, le destin du petit héros gaulois, malgré tout ce que l’on m’a fait subir, me concerne et me concernera toujours.

Mais ne faisons pas de conclusion hâtive concernant les résultats d’Astérix 4. Attendons encore un peu, les vacances de la Toussaint pouvant adoucir cette impression.

Si la tendance ne faisait que se confirmer, alors on serait en droit de se demander « Franchement que se passe t-il ? » Dans une autre époque, mon père et René Goscinny auraient convoqué le grand psychiatre gaulois, Amnésix. Je vous fiche mon billet qu’il aurait trouvé la solution au malaise gaulois qui s’installe. Un bon remède s’imposerait, non? Ce que j’en dis…

Astérix chez Rahàzade

Un souvenir me revient. Nous sommes en 1987. Je viens juste de rejoindre mon père aux Éditions Albert René, en tant que directrice de la communication. C’était plutôt un bon moment puisqu’il s’agissait de préparer la sortie du 28ème album de la collection Astérix, le quatrième réalisé par mon père, seul, “Asterix chez Rahazade”. Jeu de mots très Pilote pour le titre et une histoire qui commençait à marquer l’évolution que, lentement, mon père insufflait au personnage: un univers magique issu des années cinquante et du dessin animé. Il avait réussi à sortir des codes dictés par le succès de la série quitte à froisser quelques lecteurs d’Astérix, à l’esprit parfois un peu conservateur.

Il fallait donc être à la hauteur et proposer à mon auteur de père une campagne digne de cet évènement, foi de l’irréductible que je suis. Pour ceux qui n’ont pas relu leurs classiques, l’album détournait gauloisement les Mille et une nuit, ses princesses, ses tapis volants… ses éléphants et autres tigres. Pour le tigre, j’ai hésité, mais pour l’éléphant, non! Parmi, un attirail d’actions, il me fallait donc aussi un éléphant!

Un éléphant dessinateur...

L’idée était simple: un éléphant d’Inde viendrait, de sa trompe, remettre un exemplaire de l’album entre les mains de l’auteur. Il fallait trouver le lieu. Voyons… le zoo de Vincennes? Non, trop convenu! Le Champ de Mars? Mon éléphant aurait paru tout petit devant la Tour Eiffel. Donc, je ne sais plus comment, mais le lieu de la « cérémonie » fut enfin arrêté: Boulevard Haussmann, devant Les Galeries Lafayette. La direction du magasin de l’époque était ravie de participer à un tel évènement.

Il fallait trouver un éléphant… Grâce à la Piste aux Étoiles, ma vaste culture m’amena jusqu’au Cirque Gruss. C’est Alexis Gruss en personne qui se joigna à nous pour réaliser ce petit délire. Et je l’en remercie encore aujourd’hui.

Bon, les Galeries : OK

L’éléphant : OK

Il ne restait plus qu’à convaincre la Préfecture de Paris de faire venir à 18H, heure de grande affluence, un éléphant “d’Inde”, Boulevard Haussmann… La réponse, rapide, fut un « NON » catégorique. Aïe! Nous étions à quelques jours de la sortie de l’album et n’avions aucun plan B pour avoir une image drôle, décalée…

Il ne me restait qu’une solution: me montrer têtue, un zeste rebelle, même. J’ai donc pris une bonne louche de potion magique (du côté de Bordeaux, la potion…) et avec l’aide de Toutatis, nous sommes quand même allés sur le Boulevard Haussmann… C’est ainsi qu’une « éléphante » car moins grosse qu’un mâle et plus docile (comme toujours, quoi!) se retrouva cachée derrière l’Opéra avec Rahazade et Asterix sur son dos. J’entends encore Alexis Gruss hurlant ses ordres au talkie walkie. Comme une camelote d’occasion, moi j’étais sur un podium avec mon père et le directeur de l’établissement. Je n’étais pas tout à fait rassurée, je rappelle qu’il s’agissait de ma première campagne pour mon père.

Dès que j’ai vu l’éléphante, je me suis transformée en agente de la circulation (j’en aurais fait des trucs bizarres pour mon père…) pour arrêter les voitures, les piétons. Le minutage était primordial, nous n’avions pas une seconde chance. Les gens étaient interloqués se demandant ce qui se passait… C’est une caméra cachée, c’est ça, hein? Certains, bien sûr, ne voulant pas obtempérer, j’ai prononcé un truc du genre: « arrêtez vous, un éléphant arrive! ».

La scène était surréaliste. Je revois encore la tête des gens, bouche ouverte regardant passer à quelques centimètres d’eux, notre amie la pachyderme, avec l’album dans la trompe. Quoi de plus normal? L’image a bien été reprise un peu partout, merci Monsieur le Préfet!

PS : je n’ai malheureusement gardé aucune photo. Si quelqu’un dispose d’un journal relatant l’évènement, merci par avance d’avoir la gentillesse de me l’envoyer sur ce blog

:-)

Allez à très vite

Sylvie Uderzo

 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvie-Uderzo 365 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte