Des coquins et un fromage, de La Fontaine à Nanterre!

Publié le 06 décembre 2012 par Sylvie-Uderzo

Je viens de traverser une épreuve judiciaire et humaine totalement surréaliste mais bien concrète. Et j’ai vraiment envie de vous la faire partager. Je ne viole pas le secret de l’instruction, je commente simplement la manière et les méthodes qui semblent issues d’époques que je croyais révolues.

Les faits se sont déroulés lundi 3 décembre dans le bureau d’un juge d’instruction au tribunal de Nanterre, rendu tristement célèbre par son procureur Philippe Courroye qui fut discrètement remercié. Pourquoi ? Pour abus de partialité, apparemment, dans des affaires similaires à la mienne.

Dans l’affaire familiale terrible que nous avons traversée mon père et moi depuis 5 ans, les faits que je vais vous relater sont dignes d’une fable de notre cher Monsieur Lafontaine.

Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage (Vous vous souvenez ?)
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, monsieur du corbeau !
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »…

Statue de Correia de 1983 au jardin du Ranelagh à Paris

… On connait la suite !

Moralité de l’histoire :

… « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit au dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »

Ça c’est fait, le décor est planté.

Ces beaux flatteurs ont un certain talent pour détourner de leur chemin de vie les victimes qu’ils ont ciblées, en l’occurrence mon père.

Face à un juge d’instruction, vous réalisez combien votre affaire est grave. C’est une experience peu commune, voire abracabrantesque, surtout quand le juge face à vous joue un rôle de censeur comme si vous étiez, allez je peux le dire, « une gamine qui ne sait vraiment pas ce qu’elle fait ».

Pourtant, le dossier établi, avec lenteur certes, mais établi quand même par la BRDE (brigade de répression de la délinquance économique) est parlant! Les faits multiples sont là, laissant clairement comprendre que mon père est tenu dans un etat d’ignorance évident. Mais non, cela ne lui suffit pas à ce juge-censeur. Aussi, devant une telle attitude, je me suis liberée de tout trac et de toute retenue pour lui exprimer ma façon de penser, étayée bien sûr par les éléments du dossier de la BRDE.

Aucun moyen de me faire entendre, aucune trace de compréhension par rapport au sujet humain traité. Les « rappetouts » autour de mon père étaient des anges et moi une empêcheuse « d’abuser » en rond… Les dés étaient bel et bien pipés. Lorsque le juge relit enfin mes propos tenus deux minutes auparavant, « au secours ! », c’était totalement contraire à ce que j’avais dit.

Sûre de mon fait je lui dit :

« Monsieur le Juge, je n’ai jamais dit cela. Pourriez-vous écrire exactement ce qui a été exprimé ? »

Reponse dantesque du juge :

« Et bien non, moi c’est comme ça que je l’ai entendu. Pas question de changer un mot. »

Mon avocat intervient pour lui dire que sa cliente n’a jamais dit cela. « Et bien c’est comme ça et pas autrement. » répond-t-il.

Malgré mes objections outrées, il tenait ferme, le bougre. Il a fallu des arguments soutenus de mon avocat pour que nous ayons enfin, pour partie, gain de cause.

L’experience de cette action dont les règles sont visiblement biaisées par je ne sais quel tour de passe-passe fraternel me laisse songeuse quant à l’indépendance de la justice.

Cette misérable affaire était convenue d’avance, sans le moindre doute. Moi, j’ai rempli mon rôle de fille auprès de mes parents que je souhaite de tout coeur préserver, protéger d’une bande organisée à col blanc pas très propres.

Le 21 decembre ne serait pas la fin du Monde, mais la fin d’un monde, j’espère. Souhaitons que ces professionnels de l’arnaque en fasse partie.

Allez, à très vite pour de nouvelles aventures plus joyeuses, mais tout aussi déterminées.

Sylvie Uderzo