Nous ne devons pas avoir honte de la croix du Sauveur, mais plutôt en tirer gloire.

Par Tchekfou @Vivien_hoch

Catéchèse baptismale de saint Cyrille de Jérusalem*

Toute action du Christ glorifie l’Église ; mais la gloire des gloires, c’est la Croix. Dans cette conviction, Paul a dit : Que je ne me glorifie jamais, sinon dans la croix du Christ. Ce fut déjà une chose étonnante que l’aveugle de naissance retrouvât la vue à Siloé ; mais qu’est-ce que cela faisait à tous les aveugles du monde ? Ce fut quelque chose de grand et qui dépassait la nature, que la résurrection de Lazare au bout de quatre jours ; mais cette grâce ne profitait qu’à lui seul ; elle n’apportait rien à tous ceux qui, dans le monde, étaient morts du fait de leurs péchés. C’était étonnant de faire jaillir de la nourriture pour nourrir cinq mille hommes avec cinq pains ; mais cela n’était rien pour ceux qui, dans tout l’univers, souffraient de la faim de l’ignorance. C’était étonnant de délivrer une femme enchaînée par Satan depuis dix-huit ans ; mais qu’est-ce que cela par rapport à nous tous qui sommes ligotés par les chaînes de nos péchés ?

Or, la victoire de la Croix, c’est qu’elle a illuminé ceux que l’ignorance rend aveugles, elle a délivré tous ceux que le péché rend captifs, et elle a racheté toute l’humanité. ~

Nous ne devons pas avoir honte de la croix du Sauveur, mais plutôt en tirer gloire. Le langage de la Croix est scandale pour les Juifs, folie pour les païens ; mais pour nous elle est le salut. Pour ceux qui se perdent, elle est folie ; pour nous qui sommes sauvés, elle est puissance de Dieu. Car ce n’était pas un homme sans plus qui mourait, mais le Fils de Dieu, Dieu fait homme.

L’agneau, du temps de Moïse, éloignait l’Exterminateur ; est-ce que l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ne nous a pas bien davantage libérés de nos péchés ? Le sang d’une brebis sans raison procurait le salut ; est-ce que le sang du Fils unique ne nous sauve pas bien davantage ? ~

Ce n’est pas par contrainte qu’il a quitté la vie, ce n’est pas par force qu’il a été immolé, mais par sa propre volonté. Écoutez ce qu’il dit : J’ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la recevoir à nouveau. ~ Il est venu délibérément à sa passion, heureux de son exploit, souriant à son triomphe, content de sauver les hommes. Il n’a pas eu honte de la Croix, car il sauvait toute la terre. Ce n’était pas un pauvre homme qui souffrait, mais Dieu fait homme qui allait combattre pour obtenir le prix de la patience. ~

Ne te réjouis pas de la croix en temps de paix seulement ; garde la même foi en temps de persécution ; ne sois pas l’ami de Jésus seulement en temps de paix, pour devenir son ennemi en temps de guerre. Tu reçois maintenant le pardon de tes péchés et les dons spirituels prodigués par ton Roi ; lorsque la guerre éclatera, combats vaillamment pour ton Roi.

Jésus a été crucifié pour toi, lui qui était sans péché ; et toi, tu ne seras pas crucifié pour celui qui a été crucifié pour toi ? Ce n’est pas toi qui lui as fait cette grâce, car tu l’as reçue le premier. Mais tu lui rends grâce, pour payer ta dette à celui qui a été crucifié à cause de toi sur le Golgotha.

*  Père de l’Église, Saint Cyrille de Jérusalem était un évêque de Jérusalem de 350 à 386. Il est révéré comme saint tant par les orthodoxes que par les catholiques et est fêté le 18 mars. En 1883, il est proclamé Docteur de l’Église par le pape Léon XIII. Il connut notamment le concile de Constantinople, où il se rangea définitivement dans le camp des partisans du symbole de Nicée