« Il y a un vers de Paul Valéry que j’aime
‘Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !’
Je me le répète souvent. Il me semble qu’il autorise mon silence. »
Suite à une rupture amoureuse, Clara fuit la ville, son tumulte et son flux de paroles incessantes. Elle s’installe dans une petite maison dans un village, et trouve dans ce « havre vert », le cocon où se réfugier et où réapprendre à être. Et pour cette artiste, l’identité passe par la création de sculptures évanescentes, prêtes à s’envoler mais aussi par la rencontre d’êtres un peu décalés, comme elle, entre deux lieux, entre deux vies différentes.
La problématique de la création est omniprésente dans ce roman poétique qui laisse la part belle au mystère et aux personnages insaisissables comme Omar, le vieil homme, qui va, par sa présence et sa manière d’être au monde, aider Clara à trouver un autre équilibre.
« Moi aussi je suis en quête. De ce qui retiendrait mes sculptures et moi, de cette incessante tentation de s’envoler. »
C’est donc un très beau premier récit qu’écrit Ariane Schréder, délicatement emprunt de réflexions sur l’art et sur la parole, sans assertions ni poncifs. Tout en douceur, mû par des mots qui ont une raison d’être prononcés ou écrits.
Ariane Schréder, La Silencieuse, éditions Philippe Rey, 07.02.2013