Naufrages - Akira Yoshimura
Actes Sud, 190 pages
Résumé:
Dans un village isolé entre mer et montagne, une petite communauté tente d’échapper à la misère en entretenant d’étranges coutumes. Isaku n’a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg au-delà de la montagne. Devenu d’emblée chef de famille, Isaku se voit attribuer une responsabilité dont il ne peut imaginer les conséquences. Une tempête s’annonçant cette nuit-là, d’immenses feux sont allumés sur la plage. Chargé de surveiller ce rite ancestral, Isaku va assister à l’arrivée d’un navire qui, ayant repéré les feux depuis le large, s’approche de la plage pour échapper au naufrage. Mais une barre rocheuse déchire la mer aux abords du village, et le piège se referme sur ce bateau qui, sous les yeux horrifiés de l’enfant, sombre en offrant à la communauté sa précieuse cargaison.
Mon opinion:
Naufrages nous amène dans une petite communauté, perchée sur une terre aride face à la mer. Le roman nous raconte la vie et la survie de ce village au fil des saisons qui passent. Le père d'Isaku a dû se vendre au village voisin, pour trois ans. L'argent offert à la famille leur permet de survivre durant ce temps. Le roman débute lorsque le père d'Isaku quitte la communauté et se termine au bout des trois ans de son absence. Pendant ce temps, Isaku, l'aîné de la famille, doit démontrer ses talents de pêcheur et de travailleur pour subvenir aux besoins de sa mère, ses frère et soeurs. Nous sommes témoins des travaux qui passent au fil des saisons: les naufrages et la cuisson du sel, les sardines, les maquereaux et les encornets. Vient ensuite les travaux dans les bois, la cueillette de fruits et de légumes ainsi que le matériel qui servira à confectionner du tissu pour se vêtir. Les rituels concernant les morts, les naissances, le statut de chacun dans la communauté ou l'approvisionnement en nourriture, en sel, les coutumes, les offrandes, la pêche, tout nous est raconté dans le détail et c'est réellement captivant. Toute la vie de la communauté est reliée aux naufrages, d'une façon ou d'une autre. Leurs espoirs et leurs bonheurs sont dépendants du malheur des autres. Tout ne tient qu'à la survie et à la continuité d'une communauté qui existe depuis nombre d'années...
Un livre que j'ai beaucoup aimé, d'un style sobre et d'une écriture qui m'a tout de suite plu. Un nouvel auteur à ajouter à ma liste à découvrir de nouveau.
Quelques extraits:
"La mort d'un homme, sur le moment, attristait la famille et le reste du village, mais on croyait au retour des âmes et on se résignait vite. La vie était un don des dieux et des bouddhas, et quand venait la mort, l'âme humaine partait aux confins de la mer, pour ensuite revenir dans le ventre d'une femme afin de revivre dans le corps d'un bébé. La mort n'était pour l'âme qu'une période de profond repos précédant son retour, et les villageois croyaient que se lamenter trop longtemps troublait la paix de l'âme du mort. Dans le cimetière, on dressait les pierres tombales et les stûpas face à la mer pour favoriser le retour des âmes au village."
p.12
"Dès que les feuilles perdaient leur couleur et commençaient à tomber, la mer s'agitait. Après une brève accalmie, les flots déchaînés venaient battre les rochers pendant quelques jours, propulsant des paquets d'écume jusque sur les maisons. La mer démontée faisait don, parfois, de richesses insoupçonnées qui n'avaient rien à voir avec les maigres récoltes ou la pêche habituelle. Dans ce cas-là, et pour plusieurs années, les villageois n'étaient plus obligés de se vendre. Cela arrivait rarement, mais l'espoir persistait. Le rougeoiement des feuilles annonçait l'imminence de cette période."
p.18
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