Hasard du calendrier, à une semaine d’intervalle Schwarzenegger et Stallone sortent tous deux au Royaume-Uni un film dans lesquels ils sont en tête d’affiche. De quoi affoler le fan d’action burnée qui a dès lors presque l’impression de se retrouver 30 ans plus tôt, lorsque les deux acteurs régnaient en maîtres sur le box office chacun leur tour. Mais justement, 30 ans plus tard, nos deux gros bras ont-ils toujours leur place au cinéma ?
Le Dernier Rempart (The Last Stand)
Résumé : Un dangereux chef de cartel (Eduardo Noriega) parvient à s’échapper lors de son transfert vers une prison de haute sécurité. A bord d’une voiture ultra rapide, il se dirige vers la frontière mexicaine en échappant insolemment à ses poursuivants. Alors que le FBI est totalement dépassé, le dernier espoir repose sur les épaules du shérif vieillissant (Arnold Schwarzenegger) de la petite ville frontalière de Sommerton et de ses quelques agents inexpérimentés.
Film signant le grand retour de Schwarzy en tête d’affiche, après ses apparitions rapides et pas forcément très convaincantes dans les deux Expendables, Le dernier Rempart contient à peu près tout ce qui a fait le succès des films de l’acteur lorsqu’il était au sommet de sa renommée: action musclée, punchlines à gogo, méchants nombreux se faisant dézinguer de façon spectaculaire, etc. Bref, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, et contrairement à d’autres essais plus ou moins ratés de rendre hommage à cette époque particulière du cinéma hollywoodien, Le dernier Rempart offre au spectateur exactement ce qu’il est venu voir. En l’état, c’est donc déjà une bonne surprise, surtout que malgré l’âge, Schwarzenegger n’a rien perdu de son charisme et assure le spectacle, tant au niveau présence (malgré un jeu toujours un peu limité), qu’au niveau physique (l’excellent mano a mano final est là pour le prouver).
Une des grandes qualités d’Arnold Schwarzenegger, c’est qu’il a quasiment toujours su bien s’entourer, notamment au niveau des réalisateurs des films dans lesquels il apparaissait (il a toute de même tourné pour John McTiernan, James Cameron, Walter Hill, etc). Et une fois de plus, il a fait preuve de discernement en débauchant le réalisateur coréen Kim Jee-Woon, metteur en scène éclectique ayant à son actif des bandes aussi diverses que le polar A Bittersweet Life ou le western Le Bon, la Brute et le Cinglé. A ce dernier film, Le dernier Rempart emprunte d’ailleurs un humour bienvenu, avec de nombreux personnages secondaires hauts en couleur (Johnny Knoxville, pas très présent à l’écran mais dans un rôle très rigolo de fou des armes ayant un véritable arsenal chez lui) et un second degré constant mais jamais cynique (dont de nombreuses répliques à double sens sur l’âge et la carrière de Schwarzenegger). Kim Jee-Woon apporte aussi au film son savoir-faire en matière de réalisation et de rythme en proposant une intrigue bien ficelée à défaut d’être très crédible, et surtout quelques scènes d’action mémorables, dont une excellente poursuite en voiture dans un champ de maïs et un gunfight jouissif, très western dans l’âme.
Sans prétendre révolutionner le cinéma d’action, mais sans non plus tomber dans un passéisme sentant la naphtaline, Le dernier Rempart s’avère être un très sympathique divertissement, bourrin et drôle, et un retour réussi pour le grand Arnold.
Note : 7/10
USA, 2013
Réalisation: Kim Jee-Woon
Scénario: Andrew Knauer
Avec: Arnold Schwarzenegger, Eduardo Noriega, Forest Whitaker, Johnny Knoxville, Peter Stormare, Luis Guzmán, Jaimie Alexander
Du Plomb dans la Tête (Bullet to the Head)
Résumé : James Bonomo (Sylvester Stallone) est un tueur à gages avec des principes. Et lorsqu’après un contrat son partenaire est assassiné et que lui-même réchappe de peu à la mort, il va tout faire pour retrouver les personnes qui l’ont trahi. Pour cela, il va devoir s’associer de mauvaise grâce avec un flic qui enquête sur la même affaire…
Si Schwarzenegger avait disparu des écrans pendant plusieurs années, privilégiant sa carrière politique, il n’en est pas de même pour Stallone, qui a renoué avec le succès depuis quelques temps déjà, notamment en revisitant ses deux rôles fétiches (Rambo et Rocky, pour les deux du fond qui ne suivent pas), puis en enchaînant avec les très 80’s (mais moyennement réussis) Expendables. Avec Du Plomb dans la Tête, il laisse tomber la réalisation au profit d’un autre vieux briscard des années 80, le grand Walter Hill (The Warriors, 48 Heures, Double Détente…) qui, mis à part pour quelques épisodes de séries télé, n’avait pas touché à une caméra depuis Un seul deviendra invincible en 2002.
Et en effet, plus encore que Le dernier Rempart, Du Plomb dans la Tête porte une facture typiquement 80’s, principalement dans son atmosphère de buddy movie décontracté mâtiné de polar hard boiled. Le scénario prétexte permet à Walter Hill d’envoyer avec une évidente jubilation son acteur principal foutre le boxon chez de riches et décadents promoteurs immobiliers (dont le revenant Christian Slater dans un rôle malheureusement assez réduit). Stallone s’éclate lui aussi visiblement dans son rôle de gros dur devant se coltiner un gentil flic beaucoup trop respectueux de la loi à son goût, et enchaîne les punchlines mémorables (« What are we, vikings ? » balance-t-il au bad guy qui lui propose un combat à la hache dans le final). A ses côtés, son partenaire Sung Kang (la série des Fast and Furious) peine parfois un peu à suivre le rythme et à se montrer à la hauteur du charisme du vieux briscard. Heureusement, Du Plomb dans la Tête propose une galerie de méchants savoureux, et oppose à Stallone un adversaire à sa hauteur en la personne du musculeux Jason Momoa. Après le ratage du Conan de Marcus Nispel, l’acteur retrouve enfin un rôle certes un peu limité, mais lui permettant de s’imposer avec aisance. Son magnétisme animal fait des merveilles, et sa présence physique en fait le parfait contrepoint au grand Sly, notamment lors du très viril affrontement final, autrement plus crédible que celui entre van Damme et Stallone dans Expendables 2.
Malgré un scénario déjà vu et revu, Du Plomb dans la Tête assure le spectacle avec aisance, grâce à la maîtrise de son réalisateur et au charisme de sa tête d’affiche. Les amateurs de péloche burnée apprécieront, les autres passeront leur chemin en toute connaissance de cause.
Note : 6.5/10
USA, 2013
Réalisation: Walter Hill
Scénario: Alessandro Camon
Avec: Sylvester Stallone, Sung Kang, Jason Momoa, Sarah Shahi, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Christian Slater
Conclusion : Avantage Arnie grâce à la réalisation de Kim Jee-Woon et au second degré salutaire qui font du dernier Rempart un excellent divertissement, mais retour gagnant pour nos deux castagneurs.