12 films avec Jean-Pierre Darroussin, 14 avec Ariane Ascaride, et autant avec Gérard Meylan : la fidélité obsessionnelle de Robert Guédiguian pour ces trois acteurs a de quoi agacer. Ajoutée à cela, la proximité des sujets de ses films donne sérieusement l'impression de voir un auteur faire toujours la même chose, user de recettes faciles mais approuvées par le public (un peu de social, des amours contrariées, la Provence et les cigales), en gros surfer indéfiniment sur la vague de Marius et Jeannette.
Lady Jane a au moins le mérite de venir casser cette routine un peu lénifiante : il s'agit d'un vrai polar avec flingues, kidnapping et vengeance. S'il y a bien un arrière-plan social il ne prend jamais le pas sur une intrigue assez intrigante qui finit cependant par manquer de souffle. On pense à La raison du plus faible de Lucas Belvaux, à ceci près que le belge était allé plus loin dans la noirceur, l'inconfort, le désespoir. Pourtant, on y croit fort durant les trois premiers quarts d'heure, qui voit les trois héros se démener pour réunir la rançon qui leur est demandée. Une fois passée ce qui constitue la scène-clé du film, les bonnes scènes ne se présentant plus que par intermittence, et l'on trépigne un peu en attendant un mieux qui ne viendra plus.
Pire : sans doute à cause du manque de complexité du scénario, le spectateur comprend de quoi il retourne avec un large temps d'avance. Ne reste plus qu'à apprécier les prestations des acteurs : Darroussin épatant, Meylan meilleur que d'habitude, et une Ariane Ascaride qui séduira ses nombreux défenseurs et continuera à agacer ceux qui (comme moi) trouvent son jeu toujours forcé.
5/10
(également publié sur Écran Large)