Après sept mois d’absence dus à une blessure au genou gauche, Rafael Nadal a effectué son retour à la compétition mardi à Vina del Mar. Une rentrée victorieuse effectuée en double, aux côtés de son ami Juan Monaco, au détriment des Tchèques Frantisek Cermak et Lukas Dlouhy (6-3, 6-2). Mais les choses sérieuses débutent véritablement ce mercredi dans le tableau de simple, où il est opposé à l’Argentin Federico Delbonis (à 22h00, heure française). Un adversaire largement à la portée de la tête de série numéro un, exempté de premier tour. «Perde d’entrée est quelque chose qui peut arriver», prévient cependant le Majorquin, reçu à son arrivée par le président Chilien Sebastian Piñera, visiblement honoré que le joueur ait choisi son pays pour repartir de l’avant.
Nadal, qui n’avait plus joué en Amérique du Sud depuis 2005, a fait le choix de revenir sur sa surface de prédilection, la terre battue. Après Vina del Mar, il s’alignera à Sao Paulo et Acapulco. «Mes objectifs dans l'immédiat ne seront pas les mêmes dans deux mois. Ce n'est pas à l'ordre du jour mais bien sûr j'aimerais redevenir numéro un mondial. Cette blessure est celle qui m'a mis le plus longtemps sur la touche mais j'en ai déjà eu des plus sérieuses dans le passé. Et elles m'ont seulement rendu plus fort», assure l’Espagnol, dont personne ne doute qu’il retrouvera tout son potentiel. «Le début va être très dur mais je pense quand même qu’il va revenir à son meilleur niveau», prédit ainsi Richard Gasquet.
Rien ne remplace la compétition d’un point de vue physiqueAfin d’avoir une idée plus précise du processus de reprise de Nadal, nous avons interrogé le docteur Bernard Montalvan et le préparateur physique Paul Quétin, qui travaillent pour la FFT. «Je ne sais pas vraiment ce qu’il a, donc je ne peux pas vraiment me prononcer à son sujet, mais s’il a un problème physique qui n’est pas réglé, qu’il a par exemple un problème de hanche qui le gêne dans sa technique ou ses déplacements, ça va se voir*… En revanche, s’il se déplace aussi bien qu’avant, ça va bien se passer. Il va revenir très vite. Tous les joueurs qui ont ce niveau, à partir du moment où ils n’ont plus de blessure, répondent comme s’ils s’étaient arrêtés une semaine avant», nous explique le premier.
— Paul Quétin
Le second apporte toutefois une nuance : «Rien ne remplace la compétition d’un point de vue physique. On pense toujours aux aspects techniques, psychologiques ou tactiques, mais sur le plan physique c’est exactement la même chose. Un joueur qui s’entraîne même très dur, comme Nadal a l’habitude de le faire, arrivera avec un niveau de préparation qui sera correct mais quand il va faire des matches, avec la tension, avec des déplacements qui seront légèrement différents, il va y avoir quand même une difficulté à tenir et enchaîner les matches (…) On peut donc imaginer que sur ce premier tournoi, il ne soit pas encore à 100% de sa condition physique.»
Entre 24 et 28 ans, un joueur de tennis est en pleine bourreDès lors, on peut se demander quand Nadal, dont l’objectif affiché est de remporter un 8e Roland-Garros, retrouvera la plénitude de ses moyens. «Ce n’est pas une question de temps, c’est une question de nombre de matches, nous précise Paul Quétin. S’il arrive à enchaîner les matches, disons 3 ou 4 sur le premier tournoi, idem sur le suivant, on peut imaginer qu’au bout de 8-10 matches il soit vraiment à 100% (…) A mon avis, il peut être à 100% à Indian Wells (à partir du 7 mars, Ndlr).» Reste à savoir si l’Espagnol ne sera pas tenté de zapper le premier Masters 1000 de la saison afin de ne pas soumettre son genou à trop rude épreuve sur une surface particulièrement abrasive et traumatisante pour les genoux. «Il y a encore beaucoup d’inconnues aujourd’hui sur Nadal : il a quand même repoussé son retour un certain nombre de fois. On peut aussi envisager que le retour à la compétition ne se passe pas bien, qu’il ait de nouveau mal… Toutes les hypothèses sont ouvertes. Les joueurs n’ont pas envie de révéler tous leurs problèmes en permanence. On peut imaginer qu’il y a autre chose. A un moment donné, il a dit qu’il souffrait de l’estomac. Les joueurs communiquent un peu comme ça les arrange… Il y a donc beaucoup d’inconnues mais si le retour se passe bien, il sera forcément favori à Roland-Garros.»
— Dr Bernard Montalvan
N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augures qui prédisent une fin de carrière prématurée à Nadal. «Il est encore jeune (26 ans). Entre 24 et 28 ans, un joueur de tennis est en pleine bourre», rappelle le Dr Montalvan. De quoi réjouir les aficionados du tennis, pour qui l’absence du Taureau de Manacor a cruellement manqué, notamment à l’US Open et à l’Open d’Australie. «Les tableaux des derniers tournois du Grand Chelem étaient trop déséquilibrés, nous rappelle le Directeur technique national Patrice Hagelauer. On l’a vu à Melbourne avec Ferrer qui prend trois sets face à Djokovic alors que Murray et Federer ont lutté pendant quatre heures. Murray est arrivé en finale épuisé.» Vraisemblablement, ce ne sera plus le cas à Roland-Garros, fin mai…
* Selon son oncle et entraîneur Toni, Rafael Nadal pourrait ressentir de l’inconfort et une diminution de sa mobilité jusqu’à la fin février.
source du contenu : Sport 24