Passe-Temps Quotidien de l'Auteur Qui Fait Des Livres Didactiques
En critique (anglo-saxonne) de la littérature jeunesse depuis les années 80, on a tendance à voir la relation entre adulte et enfant comme une relation de pouvoir - et c'est l'adulte qui l'a, le pouvoir. Le discours didactique est perçu comme le symbole, le summum de cette oppression de l'adulte sur l'enfant: c'est la propriété de l'adulte qui veut tout contrôler, c'est la preuve et la pratique du pouvoir de l'adulte.
Bon, je ne vais pas vous mentir, toute ma thèse de doctorat est une critique de cette théorie du pouvoir en littérature jeunesse. Donc, alerte, ceci n'est pas une analyse neutre; ça, c'est dit. Mais j'estime qu'il y a un problème fondamental dans cette compréhension du discours didactique. En fait, pour moi, c'est le discours par excellence de l'impuissance de l'adulte.
Pourquoi? Parce que le discours didactique entre adulte et enfant s'inscrit dans une temporalité spécifique, ou plus exactement deux imaginations temporelles spécifiques, celle de l'adulte et celle de l'enfant. On parlera de temporalité plus en détail à la lettre T.
La transmission d'information, de capacités, de valeurs dans le discours didactique d'adulte à enfant implique l'imagination d'un temps inaccessible à l'adulte; un temps durant lequel cette information, ces capacités, ces valeurs seront utilisées sans l'adulte; après l'adulte; au-delà du pouvoir de l'adulte.
Ce discours est donc traversé par un désir d'influence et de planification, mais au-delà de ces désirs autoritaires se cache la nécessité logique, pour l'existence de ce discours, d'une impuissance de l'adulte à le diriger tout à fait. Et donc, pourquoi pas, d'une naissance d'une forme pouvoir spécifique à l'enfant...
Il y a beaucoup de conséquences théoriques importantes, je crois, à cette compréhension du discours didactiques, mais je ne vais pas les détailler ici... avant qu'elles soient publiées avec mon nom dessus (!)
En attendant, vendredi, on parlera d'Enfance symbolique!