Von Pariahs, c’est la pépite punk-wave dont tout le monde parle en ce moment. Et il y a de bonnes raisons à cela : sur scène, chaque membre est à deux cents pourcent dans l’énergie du live, le volume est à onze, les amplis crament et on a envie de se déshabiller en criant « I WANT YOU TO LOVE ME THE WAY I DO ».
Je les ai rencontré pour une interview, juste avant qu’ils montent sur scène pour retourner le hall 3 des Transmusicales.
Bon alors, c’est cool, j’ai l’impression que vous êtes attendus dans cette prog des Trans’, vous le sentez comment ? Vous êtiez un des premiers noms annoncé sur le teaser !
Théo : Ouais c’est vrai qu’on est apparu dans les premiers noms sur la page facebook des Trans’… Après c’est aussi que notre concert a plu à Jean-Louis Brossard (le programmateur des Transmusicales) au Printemps de Bourges. Il nous avait programmé en 2010, et je pense qu’il avait pas plus accroché que ça.
Je me souviens de cette période, au printemps dernier, où pas mal de gens parlaient de vous, avec la sortie du clip de Someone New…
Théo : Oui, on l’a sorti moins d’un mois avant, avec un double single.
Et vous pensez qu’il s’est passé quoi entre votre passage aux Trans’ 2010 et le Printemps de Bourges ? Vous avez évolué dans votre son, votre manière d’écrire… ?
Sam : Ben, on a plus travaillé, on fait pas mal de résidence. On s’est mis à répéter plus…
Théo : Ouais on s’est mis à répéter trois fois par semaines.
Du coup vous êtiez plus assuré en live ?
Théo : Ouais, plus maîtrisés je pense, parce que forcément quand tu répètes beaucoup les morceaux, au bout d’un moment ça rentre et ça devient automatique.
Du coup vous avez pu vous libérer sur scène ?
Théo : Ouais, parce qu’avant on était limite plus « sauvages » sur scène, mais techniquement on maîtrisait vraiment moins. C’était plus le bordel, genre pprrrr (il fait un bruit d’explosion avec sa bouche et des gestes avec ses mains).
Hugo : Ça en fait on en a pris conscience en écoutant des live qui avaient été enregistré, où on se voyait en vidéo.
Théo : On se rendait compte que par exemple telle ou telle partie d’une chanson, on l’imaginait d’une certaine façon, mais qu’en fait en live ça ne donnait pas du tout ce qu’on voulait. Du coup on s’est vraiment recentré sur la manière dont on peut faire ressortir les éléments importants d’une chanson. On a enlevé des choses dans des morceaux pour vraiment rendre d’autres arrangements beaucoup plus percussifs. Clarifier notre propos, je pense que c’est vraiment le gros travail qu’on a fait entre nos premières Trans et Bourges. Pour avoir au final un son plus massif mais plus clair. C’était ça l’objectif.
Du coup vous avez enregistré votre album au studio Black Box ? (ndlr : un studio en Maine et Loire où ont enregistré The Last Shadow Puppets, The Kills , Anna Calvi) Pourquoi vous avez décidé de faire ça là bas ?
Sam : En fait on a fait le double single là bas, et ça s’est bien passé. Mais au début on y est allé parce que c’est un peu un studio mythique, on regardait la galerie des photos sur leur site derrière notre petit écran d’ordinateur…
Et vous avez travaillé avec un producteur ?
Théo : On a bossé avec David, un ami de Peter (qui tient le Blackbox).
Sam : Du coup ça s’est super bien passé, on a fait neuf jours d’enregistrement pour 12 titres. On a enregistré tous ensemble – guitare/basse/batterie/clavier – en live.
Ah, c’est marrant, j’ai l’impression que c’est peu commun pour des groupes qui font de la pop ou du rock.
Théo : De la pop ouais, mais du rock, je sais pas. Nous on trouvait ça plus logique pour l’énergie globale des chansons.
Hugo : C’est plus agréable aussi de jouer tous ensemble plutôt que d’enregistrer sur des pistes séparées…
Par contre si y’en a un qui fait une erreur, il met tout le monde dedans par contre !
Théo : Voilà, c’était le danger, et puis c’était sur bande !
Hugo : Du coup en général on ne pouvait pas garder plus de trois ou quatre versions d’un même morceau.
Théo : Après, je pense que clairement, on n’est pas vraiment un groupe de studio.
Vous êtes plus un groupe de live…
Hugo : En fait on ne voulait pas un son qui soit plus sophistiqué que ce qu’on fait sur scène.
Vous n’aviez pas envie que ce soit différent du live ?
Hugo : Non, on n’avait pas envie de rajouter de nappes ou des sons plus originaux que ce qu’on a déjà.
Théo : En plus on est six, du coup j’ai le sentiment qu’on arrive à bien intégrer tout ce que l’on veut dans nos morceaux. Donc rajouter des choses par dessus six instruments, je ne vois pas trop l’intérêt, c’est pas dans notre démarche.
Hugo : Un truc simple, avec des vraies guitares.
Ouais, pas des guitares en plastique quoi.
Du coup il sort quand votre album ?
Théo : En fait il est pas mixé encore. Même les edits sont pas faits, donc une grosse part du boulot n’est pas finie.
On a hâte d’entendre ça en tout cas !
Sam : Ouais, pour 2013 !
Après moi je me demandais aussi, comment vous vous sentiez par rapport à toute cette vague synth-pop qui a marqué un retour aux années 80 ? Est-ce que vous vous sentez dans votre propre bulle musicale ?
Théo : C’est exactement ça. Tous ces groupes, ils font ce qu’ils font, et nous on fait ce qu’on fait.
Sam : ça nous a jamais donné envie de faire de la synth-pop.
Théo : je pense que le fondement du groupe, ça reste le punk. Même si on évolue à l’avenir, ça sera toujours là.
Vous êtes un peu tous fans de groupes de punk, ou c’est plutôt un état d’esprit ?
Sam : C’est des bases communes, c’est un tout.
Théo : C’est à la fois dans la manière de jouer de la musique et la manière de la faire – on n’a pas une technique immense et on aime l’idée d’une musique avec une énergie brute, sans trop de fioritures. On a tous des artistes du mouvement punk qu’on aime vraiment.
Hugo : que tout le monde aime dans le groupe.
Genre qui ?
Théo : Genre les Buzzcocks, Richard Hell, The Clash, Television – même si c’est un peu moins punk, The Undertones.
Ah, c’est cool, j’irai écouter, je connais pas trop.
Théo : Ouais les Undertones c’est vraiment cool.
Hugo : Mais seulement le premier album. Faut pas dépasser, après c’est moins bien…
Vous vous sentez comment pour le concert d’aujourd’hui ? Vous êtes là genre « Putain c’est les TRANSMUSICALES » ou plutôt « Ouais, c’est juste les Transmusicales, tranquille ».
Hugo : Nan, nan, c’est plutôt « PUTAIN C’EST LES TRANSMUSICALES QUOI, PUTAIN » (rires plein d’excitation)
Genre vous allez tout donner quoi.
Sam : Nan mais après, tu vois, y’a plein de groupes locaux qui viennent et qui ont la chance de passer sur cette scène là – je pense notamment aux Concrete Knives – et ce concert là a vachement joué pour leur avenir. Mais y’a un peu de moins de stress à ce niveau là pour nous…
Théo : …Parce que auprès des professionnels, cette étape là a plus ou moins eu lieu à Bourges.
Vous avez un peu passé l’épreuve du feu.
Sam & Théo en choeur : On se met moins la pression.
Hugo : C’est plus la fête aussi, de se dire « Putain, c’est les Transmusicales ».
C’est vrai que c’est trop cool de jouer dans un hall !
Théo : Ça défonce.
Hugo : À 1h15 du matin le vendredi…
Théo : Je pense qu’on va vraiment prendre du plaisir… Pas de concessions.
Et en effet, ils nous ont fait un beau live, avec du mordant, et tellement d’énergie que l’ampli guitare de Théo a cramé au milieu du set. Après tout, c’est aussi ça être punk…