Zoom sur... Eileen Gray
(1878-1976)
Son parcours... de son vrai nom Kathleen Eileen Moray Smith, cette irlandaise née au sein d'une famille aristocratique s'est intéressée à l'art dès son plus jeune âge. Stimulée par ses parents, elle intègrera la Slade School of Fine Art de Londres afin de devenir peintre en 1901.
Mais quelques années plus tard, suite à plusieurs séjours à Paris, elle se spécialisera dans l'utilisation de la laque auprès de Seizo Sugarawa et créera de nombreux meubles d'esthétique Art déco incorporant de luxueuses finitions laquées. Elle dessinera entre autres des pièces pour le couturier Jacques Doucet (dont le paravent "Le destin"), mais se fera connaitre en tant que décoratrice en 1917 avec l'appartement rue de Lota de Mme Matthieu Lévy.
Appartement rue de LotaSa rencontre avec Jean Badovici sera déterminante: en 1922, elle ouvre la galerie Jean Désert où elle commercialise ses meubles. Deux ans plus tard, elle effectue un tournant radical et tire un trait sur l'Art déco. Elle s'intéresse désormais à la fonctionnalité du mobilier et aux structures en acier tubulaire. C'est le début du Modernisme. Elle décide également de se tourner vers l'architecture et entame la construction de sa célèbre villa E1027 à Roquebrune-Cap Martin.
La Villa E1027 ("E" pour Eileen, "10" pour J de Jean, "2" pour B de Badovici et "7" pour G de Gray)Avec cette maison, Eileen Gray entame une critique des cinq points de l'architecture moderne énoncés par Le Corbusier. Ils furent d'ailleurs très proches durant de nombreuses années, et travaillèrent ensemble entre autres sur l'exposition lors de la présentation du Pavillon des temps nouveaux en 1937, avant qu'une discorde éclate entre les deux monuments.
L’œuvre de Eileen Gray tombera dans l’oubli jusqu’en 1970 où un collectionneur, Robert Walker, la remettra en lumière. Négligée pendant la plus grande partie de sa carrière, Eileen Gray est aujourd'hui considérée comme l'une des plus importantes designers mobilier du début du XXème siècle et la femme la plus influente dans le domaine.
Ses inspirations... l'Art déco fût la première source d'inspiration d'Eileen Gray et se retrouve dans ses créations jusque dans les années 20. Seizo Sugarawa fût indubitablement le maitre et l'artisan de cette passion. La designer étudiera pendant quatre ans le travail de la laque avant de commencer à exposer ses propres créations.
Dans la seconde partie de sa vie, elle s'inspirera du travail de Gerrit Rietveld et son étude de l'acier pour se tourner vers le Modernisme et un mobilier fonctionnel et modulable.
Son style... est chic, original mais toujours dans l'air du temps. Son œuvre est clairement divisée en deux courants totalement différents mais à la fois complémentaires. L'univers d'Eileen Gray se définit par cette dualité: des pièces luxueuses et purement décoratives, et des meubles beaux et fonctionnels.
Séjour de la villa E1027 décoré par Eileen GrayCe que l'on retient surtout de son style, c'est son intemporalité. Son travail a indubitablement inspiré de nombreux designers depuis le début du Modernisme. Aujourd'hui, ses créations trouvent sans problème leur place dans nos intérieurs.
Ses pièces cultes... Eileen Gray fût une designer mobilier très prolifique. Ses créations reflètent les deux courants majeurs qui inspirèrent l'artiste, l'Art Déco et le Modernisme.
Paravent "Le Destin" (créé en 1914 pour Jacques Doucet) Fauteuil "aux dragons" (1917), en cuir brun et structure en bois laqué brun orange à inclusions de feuilles d'argent patinées Sofa "Lota" (1917), avec structure composée de deux casiers en laque Lampe suspension "Satellite" (1919)Fauteuil "Bibendum" (1925)Fauteuil "Transat" (1926), structure en sycomore et assise en cuirChaise "Non conformiste" (1926) Table E1027 (1929), structure tubulaire en métal chromé et plateau de verre Table "Rivoli" (créée en 1928 pour la villa E 1027), structure en chrome et plateaux en MDF laqué