L’avant-dernier roman de Jean-Christophe RUFIN, médecin-humanitaire-ambassadeur-écrivain, paru en 2010 chez FLAMMARION sous le titre de “KATIBA” est tout à fait d’actualité et il est parfait pour bien comprendre les récents évènements survenus dans le Nord du Mali.
Avant de vous parler de ce livre, je tiens à évacuer une idée qui m’a trottée dans la tête durant sa lecture : je me disais que Jean-Christophe Rufin fait l’apologie des services secrets algériens à un point que cela devient lourd. Quand j’ai lu le postface, j’ai compris! L’auteur nous recommande de “ne voir dans le rôle prêté à l’Algérie un hommage rendu à l’excellence de sa diplomatie et à l’extrême compétence de ses services secrets”. On comprend que J.-C. Rufin ne soit pas resté longtemps ambassadeur : sa franchise n’a rien de diplomatique.
Heureusement, il est resté romancier!
Et avec KATIBA, il nous a livré un très bon roman, avec des espions et des taupes, des paysages, de l’action, du suspens, une intrigue rondement menée, des personnages toujours fort bien croqués.
Si l’approche psychologique de l’héroïne principale – qui semble avoir le plus intéressé les critiques – est laborieusement menée pour donner corps à la construction de la trame du roman, le véritable intérêt du livre réside dans le décryptage de la situation des divers groupes rebelles-trafiquants-djihadistes qui écument le Grand Sahara, de la Mauritanie à la Libye, en passant par le sud de l’Algérie et le nord du Mali.
On découvre aussi, même si c’est de façon romancée, l’imbroglio qui prévaut dans le contrôle et l’exploitation de ces groupes, les liens qui s’établissent entre eux, qui vont de l’alliance à l’allégeance et de la manipulation à la trahison.
Le livre se lit très facilement, Jean-Christophe Rufin n’aspirant pas à produire de la haute littérature et mérite qu’on lui accorde quelques heures, ne serait-ce que parce qu’il met en relief avec talent une région et des situations qui sont actuellement au centre de l’actualité.