Titre : Léonard, T43 : Super-Génie
Scénario : Bob de Groot
Dessinateur : Turk
Parution : Octobre 2012
« Super-génie » est le quarante-troisième épisode des aventures de « Léonard ». Sa parution date du cinq octobre dernière. Il est presque surprenant qu’aucun des précédents opus des pérégrinations du célèbre savant n’ait été intitulé ainsi tant le narcissisme du héros n’est plus à démontrer. J’ai depuis mon enfance une affection certaine pour ce personnage. Je prenais beaucoup de plaisir à me plonger dans la découverte des inventions de Léonard de Vinci du neuvième art et de son disciple. Comme d’habitude, cet ouvrage est scénarisé par Bob De Groot et dessiné par Turk. La couverture attire le regard. Son fond jaune laisse apparaitre au premier plan les différents et familiers protagonistes que sont Léonard, son disciple, Mathurine, le chat, la souris et le crane. Chacun est vêtu d’une tenue de superhéros qui colle parfaitement avec le titre. Tout un programme !
Cet ouvrage utilise les mêmes ingrédients que tous les épisodes qui les ont précédés. Léonard est au centre de la tornade. Son esprit fourmille et fait naitre bon nombre d’inventions. Bien souvent elles s’avèrent bancales ou au mieux inutiles. Son disciple, soumis à son bon vouloir, subit souvent des conséquences physiques des différents bricolages de son mentor. Autour de ce duo historique, gravitent des personnages qui sont apparus au fur et à mesure des années. On découvre Mathurine, la gouvernante qui gère aussi bien que possible les excès du génie. Enfin, on croise un chat, une souris et un crâne qui offrent un discours décalé et critique par rapport à l’univers humain.
« Super-génie » s’adresse à un public familial. Les petits comme les grands y trouveront ce qu’ils sont en droit d’attendre de ce type d’album. Le ton est léger et drôle. Les gags sont narrés de deux manières différentes. Certains s’étendent sur une seule page. Ils s’avèrent rapides et souvent plutôt simples. En quelques cases, il faut offrir une mise en situation, une évolution et un dénouement humoristique. D’autres se construisent de manière plus développée et se composent de cinq ou six pages. Dans ce cas, les rebondissements sont plus nombreux et les inventions peuvent s’avérer plus ambitieuses. Je ne préfère ni l’une ni l’autre des options scénaristiques. Au contraire, l’alternance entre l’une et l’autre génère un rythme intéressant à la lecture.
Le risque de ce type d’ouvrage est de manquer d’originalité. En effet, « Léonard » est une série qui n’est plus de première jeunesse. Les quarante tomes sont dépassés. En postulant que chaque opus voit naitre en moyenne une vingtaine de gags, il est évident que l’imagination de ses auteurs doit être particulièrement fertile pour ne pas tomber dans du déjà-vu. Il est évident que la mécanique narrative n’innove pas dans ce nouvel acte. Léonard n’a vu son caractère évolué avec le temps. Le disciple subit toujours autant d’agressions que le Coyote des cartoons n’aurait pas reniées. Même si la recette n’est pas novatrice, cela ne l’empêche pas de chatouiller les zygomatiques quand elle est bien effectuée. C’est le cas dans ce tome. Je trouve que la majorité des gags tombent justes et ravivent les plaisirs de mon enfance. Le fait d’avoir laissé une place de plus en plus importante aux personnages secondaires fait que la densité de chaque planche augmente. Les remarques décalées offertes par le chat sont une vraie réussite à mes yeux. Elles offrent une double lecture parallèle agréable et prenante.
Les dessins de Turk sont reconnaissables entre tous. Son style classique m’est particulièrement sympathique. Il conviendra à un public large. Les expressions de ses personnages sont dignes des cartoons et correspondent parfaitement à la dimension excessive des différentes pensées du personnage principal. A ce niveau-là, le disciple est incontestablement la star dans le domaine. Le travail de précision du dessinateur ne traduit également dans le réalisme des machines plus ou moins alambiquées qui agrémentent l’histoire. Les couleurs, œuvre de Kaël, sont dans la lignée de l’ensemble. Elles offrent une lecture agréable et facile d’accès.
En conclusion, « Super-génie » est un cru plus qu’honorable de « Léonard ». Je trouve qu’il ne souffre d’aucun temps mort tout au long des quarante-huit pages qui composent l’album. Il est évident que sa lecture ne nécessite aucun prérequis. Chaque opus est indépendant de ceux qui le précédent. Il s’agit donc d’un ouvrage qu’on peut facilement offrir à un jeune lecteur mais qu’on prendra plaisir à lire à l’occasion. N’est-ce pas déjà le gage d’une certaine qualité ?
par Eric the Tiger Note : 12/20