Le témoignage d’Annette Muller est tout à son honneur: elle cherche à mettre en avant ce qu’il est advenu des enfants pendant la sombre période d’occupation et de déportation. En effet, dans l’esprit de ceux qui préfèrent nier que ces horreurs ont effectivement eu lieu, le sort des enfants, qui, c’est bien connu, oublient vite et ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive, est quantité encore plus négligeable. Elle raconte donc sa vie d’avant, pendant et après la déportation de ses parents, la manière dont elle a échappé aux camps grâce à quelques héros anonymes qui ont estimé que les enfants devaient être sauvés. Il est assez poignant de constater très froidement ce qui est le quotidien dans le Vel d’Hiv: les enfants qui courent, qui dorment sur les bancs en bois, qui se blottissent contre leurs mères. On prend en pleine figure que les déportés ont transformé les gradins du vélodrome en lieu de vie, tant bien que mal. On apprend comment Annette et quelques autres se sont cachés dans des orphelinats catholiques jusqu’à la fin de la guerre. Néanmoins, ce que j’ai regretté, c’est qu’il ne s’agit là que d’un témoignage. Il est fait de manière très factuelle, sans prendre la peine de développer les parties les plus poignantes de cette histoire. Il se défend de tout effet, de toute dramatisation, de tout style même. Et même si je suis bien évidemment affectée par le sujet traité, je persiste à trouver qu’il est mal raconté, au point qu’il est difficile de suivre exactement les événements. Et ça me met d’autant plus mal à l’aise qu’il me force à dire que j’ai failli me détourner d’un témoignage aussi grave par manque d’intérêt.
La note de Mélu:
Un bon document mais la valeur littéraire a été un peu oubliée.
Un mot sur l’auteur: Annette Muller (née en 1933) est une rescapée de la rafle.
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