There Will Be Blood, No Country For Old Men, Mad Men... Etats généraux des Etats-Unis VS Le Déclin Français

Publié le 02 avril 2008 par Ignatus

Il me parait évident que les Etats Unis fait son analyse (même au sens psychanalytique) depuis longtemps à travers et grâce aux artistes.

Ce qui m'interesse, c'est la France la dedans.

Qu'en est-il de la France, qui est-elle?

Alors que les Americains tentent de comprendre ce qui leur est arrivé, essaient de cerner d'où ils viennent, pourquoi leur pays fonctionne de la sorte aujourd'hui, la France, elle se refuse de sonder ce qu'elle est devenue et ce qu'elle est.

Mad Men, série Américaine se passe dans les années 60', dans le milieu de de la publicité, série brillante car anti télévisuelle, lente, fine dans l'interprétation des acteurs, demandant une atttention de chaque instant au risque de râter par exemple un plan sur un regard très court qui en dis long sur la suite du récit, et sonde les inégalités dans cette société pas si lointaine. Les femmes n'ont pas leur mot à dire, les minorités ethniques sont encore des esclaves, les hommes blanc à la tête de leur propre déclin...


No Country For Old Men, où le spectre du mal rongeant tout homme, certains se laissent envahir, les autres l'évitent mais savent qu'il n'y a aucun espoir de le contrer.


There Will Be Blood, le début de la machine économique capitaliste et religieuse utilisant les mêmes ingrédients de propagande.


Les artistes Américains se posent les bonnes questions. D'où venont nous, que sommes nous devenus, et pour quelles raisons. Et que ressent et pense la population ?

Les cinéastes français depuis une vingtaine d'années refusent ces questions - à quelques exceptions près - et se reposent sur le passé glorieux artistique et philosophique de la France.

La France montrée aux étrangers, c'est le Paris d'Amélie Poulain, c'est même Paris tout court tandis que sa banlieue (la province) n'existe pas.

La France, un pays sans visage ?

La France ne sait plus qui elle est car elle souffre d'une perte d'identité.
Notre président l'avait bien compris et son éléction s'est fait à mon avis sur ce postulat: Redonner une identité Française (le problème est qu'il redonne une identité française mais uniquement économique et politique, non culturelle ni philosophique).
La dépression nerveuse peut provenir de là, ne pas savoir qui l'on est ou ce que l'on est. Et pour savoir qui l'on est, il faut se connaître et surtout apprendre à reconnaître et aimer ses défauts et nevroses.
Pour tenter de comprendre ce qu'il se passe, il faut partir peut être dans un premier temps de la majorité.


Combien de films français sortent chaque année parlant de la middle classe?

Très peu, on ne veut pas la voire visiblement, est-elle trop médiocre, simpliste voir ennuyeuses ?

Je ne comprend pas.

D'autres paramètres sont à prendre en compte. La majorité des films français prennent comme décorum soit la bourgeoisie, soit les très pauvres.

La raison est simple, et vient principalement des lignes directrices préférées des etablissements qui offrent les subventions aux cinéastes ou autres, subventions généralement offertes aux plus politiquement correcte des auteurs. Ainsi, si vous choississez de faire un court métrage ou un long métrage, préférez soit de faire un film qui se situe dans le milieu bourgeois, soit dans les milieux pauvres, et si en plus vous parlez des difficultés des minorités ethniques, des problèmes d'insertion, ou de l'amour impossible entre un sans papier lepreux et une bourgeoise psychotique - c'est encore mieux - vous bénéficierez encore de plus de subventions. Alors vous me direz que ce n'est pas si mal de faire des oeuvres autour de ces thèmes car les problèmes liées aux minorités ethniques - ou autres problèmes sociaux - sont importants en France et vous auriez raison. Mais ce cinéma social - souvent grossier et politiquement affreusement correcte et loin des réalités - annihile complétement le cinéma d'auteur. Je ne dis pas qu'il ne faut pas parler du social, je dis simplement qu'il prends trop de place. Si encore il dénnonçait des choses dans un forme cinématographique convenable je serais ravi mais non. C'est l'ennui pérpétuelle.

Trop de subventions tue le cinéma indépendant. Aux Etats Unis, le cinéma indépendant est important car il arrive à trouver des subventions par des investisseurs privées - et non dans les caisses de l'Etat - offrant donc un cinéma alternatif fort, pertinent et libre politiquement.

Revenons à la France et tout naturellement je pense à "Seul Contre Tous" de Noé, je penses aussi à "je vais bien ne t'en fais pas", cette France là, on ne veut pas la mettre en avant, pourtant, elle représente la majorité des Français. Le français moyen, le simple français, celui qui tient la baguette sous le bras.

La France est en constante représentation, elle vend un produit, elle vend la France comme les étrangers veulent la voir et le cinéma est un vecteur publicitaire très fort. Le cinéma Français est il considéré comme un vecteur important pour favoriser le tourisme ?


Pour moi, impossible la plupart du temps de me reconnaître dans les personnages d'un Desplechin.


Le populaire en France est caché, mal vu, pas vendeur, et je penses qu'il faut commencer à se pencher sur ce phénomène au risque de voir apparaître une dépression générale qui pourrait faire petit à petit de gros dégâts.


Par ces films et séries, les Américains parlent au plus grand nombre en révélant par l'intelligence l'état de leur pays. Ce sont des oeuvres qui n'ont jamais perdues de vue l'envie de pousser le quidam vers une réfléxion envers les effets de certains faits historiques, politiques, culturelles et sociales. Le tout dans une forme visuelle extrêmement talentueuse.


Le passé est lourd en France, de la collaboration avec les Allemands (voir le film de Marcel Ophuls interdit en france pendant 20 ans, enfin édité en DVD grâce à Woody Allen "The Sorrow and The Pity"), à sa non prise de position en Irak, sa responsabilité au Rwanda et en Bosnie. Rien de bien reluisant et pourtant ce sont des faits indéniables.

La France molle, et tricheuse.


Comment voulez vous que l'on se sentent bien dans notre peau lorsque le mensonge est encré en nous ?


Porter des secrets n'est jamais bon pour l'équilibre mental.

Est ce une particularité Française que de ne pas se poser les vrais questions?

Peut être que je ne peux incriminer les cinéastes français. Je penses qu'il y a de nombreux talents ou une pelletée d'excellents scénaristes qui proposent des oeuvres politiquement incorrectes avec une vraie culture cinématographique mais je subodore que les investisseurs (les chaines de TV, l'Etat) n'en veulent pas. Ce qui ne va as dans l'intérêt du politique ne peut l'intéresser.


D'autres pays n'aiment pas se poser des questions mais les Américains, grâce à la vigueur de leurs artistes financés par des organismes indépendants de l'Etat ne laissent rien passer. Les cinéastes peuvent ainsi se permettre d'apporter au quidam une vision non policée de son pays.

Leur rapport à la réalité est de tout autre nature, nous, nous préférons une plage factice comme Paris-Plage, nous vivons dans l'illusion de ce qu'est la France.

Je vois déjà certains crier au loup et vont me contredire en me disant que ce n'est pas toujours vrai, que les artistes français prennent les rennes parfois pour parler du passsé français et de ses conséquence dans le présent. Et effectivement, récemment par exemple, nous avons eu le droit d'explorer les problèmes liés à l'immigration, aux arkis, et plus tôt encore, la guerre d'Algérie bien qu'un bon nombre de films en ait déjà parlé...Mais la seule raison pour laquelle des films ont été tournés sur ces faits historique est tout simplement que ces évènements ont éclatés au grand jour et qu'il était impossible de les ignorer. L'Etat toujours très malin a pour une fois craint l'opinion publique et le meilleur moyen pour étouffer ces évènements majeurs dans l'histoire de France est de les contrôler en subventionnant des fictions prenant ces sujets. De cette manière, on peu passer à autre chose.

Tout mouvement contestataire est voué à crever si il accepte des subventions de l'Etat.

Or pour faire un film en France - je le répète - le plus gros banquier est l'Etat. Celui ci ne donne pas à n'importe qui et sans raisons des subventions si ce n'est pour servir son interêt propre, ce qui me semble-t-il est tout à fait logique, mais pas franchement démocratique. Cela à comme effet directe de réduire considérablement la diversité culturelle à des propositions ennuyeuses, peu convaincantes et surtout pas un poil subversive. Mais les responsables sont aussi, dans une certaine mesure les artistes qui font ces propositions de scénarios totalement convenus et bien pensant. Ont ils d'autres choix si ils veulent faire des films ? Il suffit de chercher un peu pour voir par exemple la difficulté de certains auteurs à faire leurs films à cause du manque d'argent (je penses à Grandrieux, Gaspard Noé et quelques autres).
Alors, on ne peux nier la force, l'impacte et l'integrité d'une partie de la production cinématographique americaine.


(texte à réécrire)

Comment expliquez-vous le formidable appétit de fiction des romanciers américains ?

"Peut-être parce que notre histoire n'est pas une affaire définitivement réglée. Quand il existe un consensus sur la nature du passé, les romanciers n'ont pas besoin de chercher à le corriger. Aux Etats-Unis, les "Native Americans", les Africains-Américains, les Latino-Américains, les Anglo-Américains, tous ont une vision sensiblement différente de l'histoire. La plupart d'entre eux ne contestent pas les faits, mais la signification qui leur est donnée. C'est pourquoi les romanciers américains sont si souvent tentés de se tourner vers ce passé dont le sens n'est pas encore fixé. [...] Il faut se souvenir, aussi, que la fiction américaine a peu cédé à l'attrait du postmodernisme qui a tellement séduit en Europe. Elle a résisté de manière consciente et obstinée à une intellectualisation excessive de la narration. Le résultat, c'est une vitalité peut-être plus grande, même si cette caractéristique a aussi ses côtés négatifs : une certaine naïveté, voire parfois une certaine stupidité. La littérature américaine a connu un élan formidable à partir des grands classiques que furent Melville, Twain ou Hawthorne. Puis il y a eu des gens comme Faulkner et Hemingway. Aujourd'hui encore, ceux qui ont de l'ambition, Toni Morrison, Cormac McCarthy, Richard Ford et d'autres, se mesurent à ceux-là. C'est peut-être une chimère, mais tout le monde veut écrire LE grand roman américain. Chez vous, en revanche, je n'ai pas l'impression qu'on ait cette idée du grand roman encore à écrire - comme si tout avait déjà été fait par Flaubert, par Balzac..."

Aviez-vous, en commençant votre vie de romancier, l'idée de changer le monde par l'écriture ?

"Non et je ne le cherche toujours pas aujourd'hui. Si cela se produit, tant mieux, mais ce n'est pas pour ça que je le fais. Bien sûr, je crois que la littérature change les gens - moi, elle m'a changé. Mon regard sur les femmes, les Noirs, le monde, l'histoire de mon pays, a été bouleversé par l'art, la poésie, la fiction. Cela dit, je ne pense pas que le regard de George Bush ait été le moins du monde changé par l'art. De façon générale, la transformation ne se produit pas par le centre, mais par les bords et, du coup, cela va lentement. L'art n'a d'effet que dans les marges, un lecteur à la fois. Un individu dont la vision du monde sera peut-être modifiée : son comportement, le lendemain, la manière dont il traitera les autres êtres humains. Il est très, très rare qu'un livre change les choses rapidement et ce ne sont souvent pas les meilleurs. Je ne pense qu'à un petit nombre d'ouvrages aux Etats-Unis, comme La Case de l'oncle Tom, qui a bouleversé l'idée que se faisaient beaucoup de gens de l'esclavage. Grâce à ce roman sentimental, Harriet Beecher Stowe a touché des centaines de milliers de personnes. C'était un genre d' "agit prop" très efficace ! En fait, on doit choisir : pour avoir une audience de masse, il faut souvent simplifier, renoncer à rendre les ombres et les complexités de la nature humaine, les ambiguïtés de l'histoire, son ironie. Ecrire des histoires où il y a Dieu et le diable et rien au milieu."