La guerre de la TV payante est loin d'être terminée. Alors que Canal + a racheté TPS en 2006, se retrouvant en situation de monopole sur les offres de pay TV, voici qu'une nouvelle bataille s'engage, cette fois avec Orange.
L'opérateur télécom va en effet lancer un véritable bouquet avec 6 chaînes de cinéma et de séries. France Télécom a également signé des accords pluriannuels avec les studios Warner, Gaumont et la chaîne américaine HBO, une annonce intervenue en début de semaine. Enfin, on se souvient qu'Orange a déboursé 203 millions d'euros pour obtenir trois des douze lots de droits audiovisuels 2008-2012 de la Ligue 1 de football.
Rodolphe Belmer, Directeur Général de Canal +, a réagi hier à ce qu'il appelle la refondation d'un "petit TPS Star". Selon lui, la mise en place de l'offre d'Orange casse la situation de monopole créée par la fusion CanalSat-TPS en 2006, situation qui avait obligé le nouveau bouquet unique Canal + à respecter un certain nombre de contraintes, notamment la mise à disposition de la chaîne TPS Star à d'autres distributeurs.
Les dirigeants de Canal + veulent des garanties face à l'arrivée de ce nouveau concurrent. Ainsi, Rodolphe Belmer souhaite que "France Télécom contribue sur son chiffre d'affaires dégagé des offres triple-play" au financement de la création française, comme le fait Canal+. "L'exception culturelle, ça se finance et se protège".
Bertrand Méheut, dans le Figaro, a quant à lui estimé que la concurrence ne se faisait pas "à armes égales", si l'on compare le chiffre d'affaires d'Orange (53 Mds d'euros) à celui de Canal + (4,3 Mds d'euros)
Ce qui se noue derrière cette nouvelle offre, c'est bel et bien la refonte complète de l'offre audiovisuelle en France. L'explosion de la TNT et la montée en puissance des offres Triple play des opérateurs mobiles sont deux exemples de l'éclatement du modèle audiovisuel classique. Les groupes de télévision "historiques" doivent s'adapter à ces mutations profondes qui vont accélérer la convergence déjà forte entre les médias, la téléphonie et Internet.
Se posera aussi, tôt ou tard, la question du cahier des charges de ces offres de télévision "parallèles", de leur régulation (par l'ARCEP ou par le CSA ? Y aura-t-il fusion des deux autorités de régulation ?) et du financement de la création française, notamment du cinéma.
La révolution Orange est en marche et elle ne devrait être que les prémices d'une profonde transformation de l'offre de médias à laquelle les groupes historiques vont devoir, pour assurer leur survie, s'adapter.