Magazine Beaux Arts
Ce n'est pas en parallèle de la vie montréalaise que se déroule la vie en France, mais comme si, chaque fois qu'on rentrait, on retrouvait le même fil quelques centimètres plus loin, pour continuer quelque chose qui n'existe qu'au présent, et qui fait perdre consistance à tout ce que Montréal contient. Je ressens exactement la même chose à San Francisco. Montréal se dissout alors que j'attrape un fil que je connais, ou plutôt que je reconnais. Mais ce qui est troublant c'est qu'il tisse ensemble mes souvenirs de Vancouver, Toronto et San Francisco. J'en ai déjà parlé cet été, les trois villes se confondent en une seule dans ma mémoire, au point de souvent m'attendre à trouver au bout d'une rue quelque chose qui appartient à une autre ville.
Ce que je suis venue faire ici: des petits bonus que je m'offre dans le cadre de mon doctorat en art. À partir de dimanche prochain, je serais régulièrement au San Francisco Center for the Book. Le SFCB est une institution de grande renommée spécialisée dans le livre d'artiste. Elle offre des ateliers, des résidences, et rassemble un nombre important d'artistes dont je suis depuis des années le travail. Je vais travailler sur le livre d'artiste que je dois produire dans le cadre de mon doctorat en suivant des ateliers avec, entre autres, Judith Serebrin, Courtney Cerruti, ou Nina Eve Zeininger-Byrne.
Et puis, il y a cette artiste, Lisa Kokin, dont les livres bricolés et les installations de photographies tissées sont non seulement d'une grande beauté, mais aussi présents dans mon corpus. Quand j'ai contacté Lisa cet automne, et que nous avons parlé de mon sujet de thèse, elle m'a appris que sa prochaine exposition était sur sa mère, morte quelques mois auparavant. J'ai terriblement hâte de voir son travail et de la rencontrer.
Mon séjour sera aussi nourri de visites dans de nombreux centres spécialisés sur le livre d'artiste, notamment la Seager Gray Gallery, ou le Codex International Bookfair, un événement incontournable qui se tiendra la semaine prochaine. Puis, il y aura les imprévus. Comme cette galerie visitée par hasard hier, la Creativity Explored, consacrée à des artistes ayant des handicaps mentaux, dont je parlerai très prochainement.